Le conseil local de M’hamdia, dans le gouvernorat de Ben Arous, a annoncé l’adoption de son plan quinquennal de développement 2026-2030. Un total de 78 projets a été validé par le conseil local, allant de la réhabilitation des routes et réseaux d’assainissement jusqu’à la création d’un aéroport local, en passant par la construction d’un pôle universitaire, un centre pour enfants autistes, des complexes sportifs, un théâtre de plein air, sans oublier la requalification du patrimoine historique.
Une histoire oubliée: M’hamdia, un potentiel touristique négligé
Autrefois, M’hamdia faisait partie de la plaine agricole prospère de la région de Tunis, connue pour ses vastes vergers et ses bâtiments anciens, vestiges de l’époque husseinite et même beylicale. Des casernes ottomanes (la fameuse Qachla), des anciennes routes caravanesques et un petit réseau de fortifications témoignaient d’un passé stratégique et culturel riche.
Pourtant, cette richesse a été largement ignorée dans l’aménagement urbain des dernières décennies. M’hamdia s’est surtout fait connaître pour son urbanisation anarchique, ses problèmes de transport et, ces dernières années, pour une réputation de zone stigmatisée pour l’insécurité ou le manque d’infrastructures de base.
Le rêve d’un métro et d’un RFR… qui date!
Parmi les projets phares de ce nouveau plan figure le raccordement de M’hamdia au métro léger et au Réseau ferroviaire rapide (RFR). Ces promesses ne datent pas d’hier: dès les années 2000, les habitants entendaient parler d’une desserte rapide pour désenclaver la ville, mais rien de concret n’a jamais abouti. Le rapport de la Banque européenne d’investissement (BEI) de janvier 2020 souligne explicitement «les retards accumulés dans la mise en œuvre du projet et le manque d’informations communiquées aux bailleurs de fonds» et mentionne les difficultés institutionnelles depuis 2011.
Un aéroport local…
Autre annonce marquante: la construction d’un aéroport local. Si l’idée de dynamiser l’économie par le transport aérien peut séduire, beaucoup se demandent quelle serait la viabilité économique d’un tel projet, alors que la région se trouve à moins de 25 km de l’aéroport de Tunis-Carthage.
La question clé reste la faisabilité, surtout que la réussite de tels plans dépend non seulement de la volonté politique, mais aussi de l’efficacité de l’administration, de l’accès aux crédits d’investissement et de la continuité des projets.
Un potentiel à concrétiser
Pour couper court aux critiques, Mohamed Taher Aousgi, comptable-financier et membre du conseil, précise, via un statut publié sur son compte Facebook:
«Le plan quinquennal n’est pas un programme électoral, comme certains pourraient le croire. Il s’agit plutôt de soumettre des propositions de projets de développement adaptés aux spécificités de chaque délégation, d’examiner les projets bloqués, et d’élaborer des propositions de lois capables de répondre à la situation actuelle et de rompre avec les législations obsolètes.
La plupart de ces projets ne seront pas achevés durant les cinq prochaines années. Ils doivent d’abord obtenir une validation du ministère du Développement et de la Planification, puis être adoptés par l’Assemblée des représentants du peuple, avant de rechercher les financements nécessaires. Ces financements seront répartis progressivement sur toute la période quinquennale, et certains projets pourraient même dépasser l’horizon 2030».
Si toutes ces promesses voient réellement le jour, M’hamdia pourrait enfin transformer ses faiblesses structurelles en véritables leviers de développement. Espérons que M’hamdia saura retrouver sa place dans le paysage touristique tunisien, grâce à la mise en valeur de son patrimoine méconnu, hérité de l’époque husseinite et même beylicale.
Rêvons qu’à l’horizon 2030, cette localité, souvent reléguée au second plan, devienne une destination prisée, à la fois pour les touristes locaux et les visiteurs internationaux, fière de ses racines, de ses casernes ottomanes, de ses vergers et de son charme oublié. Reste à savoir si, cette fois, ce rêve de renaissance — caressé depuis des décennies — sera enfin vécu par ses habitants.