La conférence d’ouverture, des plus enrichissantes, a été assurée par le professeur d’économie et ancien ministre Mongi Safra. La thématique portait sur le populisme économique. « Il s’agit de la population qui s’exprime et qui remet en question les idées des élites et leaders », a souligné le professeur. En Tunisie, la remise en question est généralement dirigée vers le financement de la consommation par les emprunts extérieurs, l’inflation, le déficit budgétaire plus élevé que le financement public et tant d’autres sujets à polémique.
Pour Mongi Safra, les raisons de ce populisme économique sont la globalisation qui a gangréné la souveraineté nationale et renforcé les flux migratoires, renforçant à son tour l’insécurité au sein de la population. Plus encore, le professeur explique aussi cette montée de remise en question par le développement de la sphère financière qui a largement dépassé la sphère économique. En ajoutant que : « Le développement exagéré de la sphère financière a été la raison de la crise financière en 2007 suivie par la crise économique, non prévue par les économistes ».
En outre, les inégalités dans la répartition des richesses, la concentration des entreprises, le développement des multinationales et la rémunération excessive de la technologie sont tous des facteurs menant droit au populisme économique.
Les risques, énormes et tenaces, s’avèrent être ravageurs. Entre inflation, hyperinflation et la réduction de l’indépendance des banques centrales, le professeur d’économie a indiqué que le rétablissement des Investissements directs étrangers et la maximisation des recettes touristiques sont des moyens qui ont déjà su prouver leur efficacité, contrairement aux pratiques populistes, menant droit à l’excès de consommation, à plus d’emprunts à la consommation, et à plus d’inflation. Et ceci, sans pour autant créer un surplus de croissance.
Des conventions pour le bien des chercheurs
Fait marquant pour cette édition des HEC Doctoriales, la constitution de la Fondation IHEC, une fondation visant à réduire la déconnection entre l’université et le monde professionnel. Abdelkadder Boudriga, professeur à l’IHEC Carthage a déclaré que combler les insuffisances entre les entreprises et l’académie dans le domaine des sciences sociales est le principal but. Et d’ajouter : « Développer ces liens multidisciplinaires est la principale raison de constitution de cette fondation ».
En effet, des mécanismes de cette sorte ont été créés par le passé, notamment le Mobidoc. Mais selon les dires du professeur Boudriga, ils ont profité au domaine de l’ingénierie plus qu’aux sciences sociales. « Nos partenaires ont ainsi accepté de donner une dotation annuelle minimum pour aider à renforcer cette initiative, il s’agit de mettre à disposition des chercheurs des bases de données et la connexion avec les centres de recherches de la BCT », a-t-il souligné. La finalité est développer la recherche au service de l’économie tunisienne et des entreprises.
Sur le plan de l’ouverture sur l’environnement, deux conventions entre différentes écoles doctorales ont été signées. Une convention rassemblant des écoles doctorales de Tunisie, et une autre convention signée par ISCAE Casablanca et IHEC Carthage. « Il s’agit d’une convention entre des écoles doctorales de Tunisie, à savoir de Manouba, Tunis-Manar, Tunis, Sfax et l’IHEC », a indiqué Neila Boulila, professeur de l’IHEC et directrice de l’école doctorale du même établissement. A ses dires, le but est d’harmoniser les cours doctoraux et d’assurer la mobilité des doctorants. Et ce, dans un souci d’assouplir les contraintes et de créer une synergie entre les écoles doctorales.
Pour ce qui est de la convention internationale, il s’agit d’une coopération classique entre les écoles doctorales de l’IHEC et celle d’ISCAE Casablanca. Selon Rachid M’rabet, directeur de l’école doctorale d’ISCAE Casablanca : « cette convention vise à assurer la mobilité des doctorants et des enseignants, à organiser des manifestations scientifiques communes et à permettre à des enseignants de l’IHEC à être jurys dans des soutenances dans notre établissement à Casablanca et inversement ».
Le mérite récompensé
A cette édition des Doctoriales, 4 prix ont été distribués. Il s’agit notamment du prix de la meilleure thèse, du prix Chokri Mamoghli du meilleur orateur, du prix du best paper et du prix de l’innovation pédagogique. Azza Temessek, professeur en marketing à l’IHEC, a déclaré que : « les prix ont été attribués par un jury composé d’experts de différents domaines et 3 thèses ont été récompensées, à savoir, en marketing, en comptabilité-audit et en finance ».
Concernant le prix Chokri Mamoghli, il est question de demander aux doctorants de s’adresser à l’audience pour expliquer leurs sujets de thèse. Les thésards n’ont pas lésiné sur l’originalité et la créativité. En effet, la gagnante de ce prix avait annoncé son projet de thèse avec une chanson sur la corruption enregistrée par sa propre voix dans un studio d’enregistrement professionnel.
Pour le prix du best paper, il a été décerné aux auteurs des meilleurs articles scientifiques en finance, en économie, en comptabilité-audit et en marketing. Les heureux gagnants verront leurs articles publiés dans des revues internationales indexées. Dernièrement et non des moindres, le prix de l’innovation pédagogique avait été décerné à l’enseignant qui a fait preuve d’innovation lors de la préparation d’un cours.
La recherche scientifique en Tunisie a pu gagner du terrain grâce à cette initiative reconnaissant la pugnacité et l’effort des chercheurs. Que dire de plus !