Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 22 avril, le Fonds monétaire international (FMI) a présenté ses dernières prévisions de croissance et son évaluation de l’économie mondiale, en soulignant un basculement vers une nouvelle ère économique. Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste et directeur du département des recherches du FMI, a dressé un constat préoccupant : depuis fin janvier, l’économie mondiale fait face à une série de chocs commerciaux et d’incertitudes grandissantes.
Selon le FMI, les annonces successives de hausses tarifaires, culminant le 2 avril avec des droits de douane quasi universels imposés par les États-Unis et les réponses de certains partenaires commerciaux, bouleversent les échanges mondiaux. Le taux effectif de droits de douane des États-Unis a désormais dépassé les niveaux atteints il y a plus d’un siècle, tandis que les droits imposés sur les exportations américaines ont eux aussi grimpé.
Malgré une croissance mondiale qui reste au-dessus des seuils de récession, toutes les régions subissent des impacts négatifs cette année et continueront à en ressentir les effets l’an prochain. Le processus de désinflation se poursuit, mais ralentit : l’inflation mondiale est ainsi légèrement révisée à la hausse de 0,1 % pour 2024 et 2025.
La croissance du commerce mondial devrait quant à elle être fortement pénalisée. D’après les projections du FMI, elle passerait de 3,8 % en 2023 à seulement 1,7 % cette année. Les effets des tarifs douaniers varieront selon les pays. Aux États-Unis, ces mesures représentent un choc d’offre qui affaiblit durablement la productivité et la production, tout en accentuant temporairement les pressions inflationnistes. La croissance américaine est revue à la baisse de 0,9 point, à 1,8 %, dont 0,4 point directement imputable aux tarifs. L’inflation, elle, est révisée à la hausse.
Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, les droits de douane agissent comme un choc de demande externe, ralentissant l’activité et comprimant les prix, même si certains pays pourraient profiter de redirections des flux commerciaux.