L’Institut des hautes études commerciales de Carthage a abrité ce matin une conférence animée par Olin McGrill sous le thème “Enjeux contemporains du développement : mesurer les coûts étouffants de l’inefficacité”. Détails.
Selon Olin McGill, praticien des mécanismes de réglementation qui a travaillé pour améliorer la gouvernance économique et le classement doing business de nombreux pays émergents, les réformes nécessaires pour accélérer le développement économique sont souvent faciles à entreprendre et ne supportent pas d’énormes coûts. “Pour ce faire, il suffit de supprimer les inefficacités introduites à différents niveaux de la réglementation”, a-t-il expliqué.
L’expert a rappelé l’expérience de la Géorgie qui a entrepris une série de réformes entre 2005 et 2009 qui lui ont permis d’améliorer considérablement son rang au classement doing business publié par la Banque Mondiale. Elle occupe actuellement la 6ème place à l’échelle mondiale.
Durant cette période, l’ancien pays soviétique a pu accroître son PIB de 67.6% et améliorer les niveaux des salaires de 65% !
“La Géorgie a réduit le nombre de taxes et impôts pour passer de 92 à seulement 5!”, a indiqué l’expert. Cette mesure a été accompagnée par l’implémentation de mesures permettant de faciliter les procédures pour le paiement de taxes et impôts. Résultat: la recette fiscale a plus que doublé marquant une croissance de 121% entre 2005 et 2009 !
Encourager les entreprises à régler leurs taxes par voie électronique permet non seulement de leur faciliter la tâche, mais aussi permet au gouvernement de collecter une riche mine de données sur l’évolution réelle de l’économie. “Le gouvernement peut mettre ces données à la disposition des entreprises ce qui leur permettrait d’avoir une vision plus large sur l’économie”, a indiqué l’expert.
Réduire le nombre de permis et d’autorisations est aussi une clé pour permettre le développement de l’économie. “En Tanzanie, la création d’une entreprise nécessitait le passage par un grand nombre d’agences et l’obtention d’une longue série d’autorisations”, racontait Olin McGill. “Les procédures étaient tellement lourdes que seulement 2% persistaient jusqu’au bout”, a-t-il indiqué.
La Malaisie avait un problème similaire pour les permis de construction: pour en avoir un, les promoteurs immobiliers devaient passer par pas moins de 21 agences. “Le gouvernement a eu l’initiative de lancer un one-stop shop en-ligne où il est possible de finaliser toutes les procédures nécessaires pour l’obtention du permis. “Ce système était tellement efficient qu’il a permis de réduire de 92% les coûts d’obtention des permis”, a indiqué l’expert.
“Mais pour que les réformes visant à alléger le fardeau bureaucratique aient le plus grand impact, il faut qu’elles soient bien étudiées”, a insisté Olin McGill. “Ça ne servira à rien d’avoir un permis de construction en moins de 24 heures si les procédures de raccordement en eau ou en électricité ne sont pas optimisées”, a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la Tunisie, l’expert a indiqué que la loi transversale sur l’amélioration de l’environnement des affaires est une étape importante pour le pays. “Il faut que cette loi soit publiée dans le journal officiel dans les plus brefs délais”, a-t-il indiqué. Et d’ajouter: “Elle permettra de réduire considérablement les obstacles à l’investissement et d’améliorer de manière considérable le rang de la Tunisie dans le classement doing business”.