C’est dans ce cadre que le Centre des Jeunes Dirigeants de Sousse (CJD), en partenariat avec le Technopôle de Sousse « Novation City », a organisé une conférence-débat autour du thème : « La transformation digitale de l’entreprise et son écosystème ». En présence de nombreux chefs d’entreprise témoignant d’expériences de transformation digitale réussies et des jeunes entrepreneurs en quête de réponses aux difficultés qui entravent leur démarche. L’accent a été mis sur la conduite du changement, les politiques d’adaptation et de suivi ainsi que sur les mécanismes d’accompagnement et de financement qui permettront aux entreprises tunisiennes d’y accéder sans entraves.
Bien comprendre la transformation digitale de l’entreprise
Il est indispensable de comprendre que la transformation digitale n’est pas un savoir à acquérir mais il s’agit plutôt d’un processus à apprendre. Ainsi, les jeunes entrepreneurs ou les chefs d’entreprise qui n’ont pas encore réussi à détenir en main les clés de la digitalisation sont appelés à bien étudier au préalable ces outils pour en dégager une vraie valeur ajoutée à long terme.
Cette réflexion a été farouchement défendue par Nour El-Houda Bouakline, CEO Point Digital, Expert international spécialiste du marché africain, Consultante Formatrice en Transformation digitale, Personal Branding et en Communication. Mettant l’accent sur l’importance de la compréhension du besoin de cette transformation digitale pour être au diapason des mutations internationales dans ce domaine, Mme Bouakline a expliqué que « la transformation digitale n’est pas une finalité mais plutôt un moyen. Il faut comprendre que ces nouvelles technologies sont là pour nous permettre la transformation de nos métiers, de nos modèles économiques… ». Et d’ajouter que « le digital n’est qu’une solution à adopter en toute urgence. C’est pour cette raison que nous avons besoin de tous nos collaborateurs, d’une intelligence collective et surtout de gens engagés ».
Il s’agit, en effet, d’une transformation qui engage toutes les parties actives dans la sphère économique nationale tant à l’échelle académique qu’à celle administrative et professionnelle.
« Le problème dans le milieu académique c’est qu’on n’arrive pas encore à coordonner nos pas, ce qui engendre des problèmes de suivi et de préparation avec tout ce qui se passe actuellement dans le monde économique », a expliqué M. Zoubeir Turki, président de la Mission Universitaire Tunisienne en Allemagne.
Défendant le besoin de s’interroger sur le positionnement de l’entreprise tunisienne par rapport à cette transformation, M. Turki a exprimé le besoin de coordonner avec les acteurs académiques pour mettre en place un parcours qui réponde exactement aux besoins actuels du marché. « Les essais sont encore timides. Nous devons réfléchir davantage pour définir l’orientation de l’université de demain et opter pour une vision collaborative afin d’ identifier les besoins et les priorités », a-t-il expliqué.
Quels mécanismes d’accompagnement et de financement opter pour la transformation digitale de l’entreprise ?
La transformation digitale est en train de toucher toutes les composantes de l’économie nationale. Ainsi, on assiste à la disparition de plusieurs filières alors que de nouvelles émergent. La majorité des métiers se transforment et d’autres, ceux de demain, ne sont pas encore connus aujourd’hui.
Ainsi, la mise en place d’un écosystème favorable à l’expansion des nouvelles startups et entreprises tunisiennes dans l’économie numérique nécessite certes un accompagnement outre le financement. Quand une nouvelle vision économique s’impose, elle nécessite la coordination de toutes les parties concernées par la transformation digitale du paysage économique national. Leur rôle consiste à préparer les entreprises au mieux afin qu’elles puissent saisir pleinement les enjeux et les défis auxquelles elles font face en marge de leur transformation digitale.
Innover est tout d’abord un état d’esprit. Un porteur de projet est appelé à avoir la capacité de se réinventer à titre personnel afin de permettre à son équipe et son entreprise de créer de nouvelles idées. Cette approche que Maha Meddeb Chehata, Directrice des Opérations et du Business Development – Global Knowledge- France, a fortement défendue est, en effet, la clé de la réussite de toute entreprise en phase de transformation digitale, outre ses besoins en accompagnement et en financement.
« On ne fait pas de transformations pour transformer. Généralement on intègre les nouvelles technologies pour atteindre un objectif. La première étape à suivre est que ces dirigeants doivent être convaincus de l’intérêt à accorder à la transformation digitale de leurs entreprises pour eux-mêmes et pour leurs salariés. Une transformation où le changement ne peut réussir que si le porteur du projet en est convaincu », a expliqué Mme Chehata.
Outre cette prise de conscience qu’un porteur de projet doit avoir, les startups et les PME tunisiennes ont besoin d’acquérir autant de nouvelles compétences que de nouvelles ressources de financement afin de rester compétitives. Ainsi, se positionnent plusieurs institutions nationales et internationales qui œuvrent à accompagner, via des ateliers de formation, des stages, du mentoring et notamment par les aides financières, les entreprises tunisiennes dans leur transformation digitale. On y distingue ainsi la GIZ, la BERD, la United Gulf Financial Services et, notamment, la « Novation City ».
Intégrer progressivement la culture digitale dans toutes ses dimensions et profiter des ressources de financement à disposition sont un gage de réussite de toute transformation digitale des entreprises. Une dimension qui fait participer toutes les parties prenantes dans ce projet de transformation et qui demeure encore en quête du maillon faible qui doit être comblé afin de parfaire la transition et la digitalisation des entreprises tunisiennes et renforcer leur positionnement sur le marché international.