Talan au sommet de la hiérarchie mondiale dans un secteur clé du monde qui arrive! Quasiment hissé sur le toit du monde, le groupe doit cette ascension à l’ingéniosité, à la vision et à la détermination du maître d’oeuvre Mehdi Houas dont on ne louera jamais assez la disponibilité, l’humilité et l’engagement pour les bonnes causes. Appelé à la rescousse de l’économie nationale, il a pris en charge le portefeuille du ministère du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat à l’heure où le pays, en perte de repères, se cherchait et voulait s’inventer un avenir au lendemain de la révolution de décembre 2010-janvier 2011. Sous la houlette de cet ingénieur diplômé de Télécom Paris mais pas que cela au regard de ses indéniables qualités entrepreneuriales, Talan s’impose comme un leader mondial dans le conseil et l’expertise technologique. Fort de 7200 collaborateurs, ce fleuron à forte évocation et résonance tunisiennes -il porte l’ADN de ses origines pas très lointaines- affiche un chiffre d’affaires impressionnant de 850 millions d’euros en 2024 et vise à franchir le cap du milliard en 2025. Objectif d’ores et déjà fixé à 2,5 milliards d’euros d’ici à 2030. Animé d’une vision stratégique, d’un besoin d’innovation positive et durable et d’une indéniable capacité d’adaptation, Talan est passé maître dans la gestion du changement. Il transforme les organisations et crée de la valeur économique et sociale à travers des solutions technologiques avancées et une approche multidisciplinaire. Avec une présence dans vingt pays sur les cinq continents, le groupe aspire à bâtir un avenir meilleur grâce à la technologie et à son capital humain exceptionnel. Il navigue et rayonne partout au-delà des mers et des frontières. Là où il jette l’ancre aux quatre coins de la planète, le groupe s’impose comme un creuset et un point de ralliement de talents individuels et d’intelligence collective.
Pour commencer, on aimerait connaitre les principales réalisations et avancées de vos activités au cours des deux dernières années.
En 2023, le groupe Talan a réalisé un chiffre d’affaires remarquable de 525 millions d’euros, consolidé en 2024 par une croissance additionnelle de 325 millions, atteignant ainsi 850 millions d’euros. Avec un effectif renforcé de 4600 employés en 2023 à 7200 en 2024, Talan ambitionne de franchir le cap du milliard d’euros en 2025 et d’atteindre 2,5 milliards d’ici à 2030. Cette dynamique se reflète également dans notre filiale tunisienne, qui représente aujourd’hui 10% de l’effectif total avec 750 collaborateurs. Notre objectif est d’atteindre 15% d’ici à 2025, soit 1100 employés, et 1500 en 2026, contribuant ainsi à un objectif global de 20000 collaborateurs en 2030, dont 3000 en Tunisie. Cette vision ambitieuse, portée par un engagement collectif, témoigne de notre confiance en la richesse des talents tunisiens. Je suis particulièrement fier de nos 750 ingénieurs et chercheurs tunisiens qui brillent sur des projets multidimensionnels en France, au Luxembourg, au Royaume-Uni, au Canada ou en Suisse. Leur expertise, reconnue dans 20 pays, alimente notre centre de recherche et d’innovation en Tunisie, dédié à la blockchain, à l’intelligence artificielle et aux technologies quantiques, sous la direction de Imen Ayari, l’une des 25 femmes les plus influentes en Afrique dans le domaine technologique. Une fierté pour nous! Notre empreinte va au-delà de la technologie. Avec des initiatives comme Talan Expo 2023, Hirafen, reliant art contemporain et artisanat tunisien et créant ainsi un pont entre innovation et tradition, tout en valorisant la créativité locale. Talan est fier de contribuer au progrès économique, social et technologique de la Tunisie.
Aujourd’hui, Talan est perçu comme un acteur clé dans le domaine du conseil en stratégie et en transformation digitale. Quelles sont les tendances que vous observez sur le marché ?
Il est important de préciser que notre intervention dépasse le cadre du simple conseil en stratégie et en transformation digitale. Bien que ce soit un vecteur opérationnel essentiel, il ne constitue pas l’axe principal de notre stratégie. Chez Talan, notre ambition va bien au-delà: nous œuvrons pour être reconnus comme un acteur unique dans le conseil et l’expertise technologique. Notre avantage compétitif et notre singularité reposent sur notre capacité à accélérer les processus de transformation grâce à trois leviers fondamentaux: la technologie, la data et l’innovation. Ce dernier levier, l’innovation, est crucial dans un monde où le besoin de renouveler et moderniser les processus et les systèmes obsolètes devient de plus en plus pressant. Cette démarche est essentielle pour permettre aux entreprises de garantir leur pérennité et de continuer à progresser. Nous mettons un point d’honneur à adopter non seulement les technologies actuelles, mais également celles de demain. Nos centres d’excellence, animés par des talents de haut niveau, s’investissent dans le développement et le déploiement de technologies avancées. Ces solutions permettent un traitement et une exploitation optimale de la data, offrant ainsi aux entreprises les outils nécessaires pour prendre des décisions stratégiques et maximiser leur performance.
Vous avez mentionné le fait de ne pas parler simplement de transformation digitale, mais plutôt de transformation par la data. Pouvez-vous nous expliquer cette nuance ?
Chez Talan, nous nous engageons à rendre les entreprises plus performantes, résilientes et innovantes. La transformation digitale constitue effectivement une étape fondamentale, mais elle ne représente que la première phase du processus global de transformation. Cette phase consiste principalement à digitaliser les infrastructures afin qu’elles puissent générer de la data. Cependant, cette digitalisation n’est qu’un socle de départ. L’objectif ultime réside dans la création d’une architecture data avancée, exploitant des technologies telles que le big data, le machine learning, le deep learning et l’intelligence artificielle. Ces outils permettent d’extraire de la valeur de la data et de la transformer en leviers stratégiques. C’est précisément ici que se trouve la quintessence de la stratégie opérationnelle de Talan: produire de la data est un premier pas, mais le véritable enjeu est son exploitation efficace. Grâce à des technologies avancées, nous aidons les entreprises à franchir cette étape critique, leur permettant ainsi d’anticiper les changements.
Parlons de transformation, il est aujourd’hui impératif d’intégrer la durabilité. Cette dimension s’inscrit-elle dans votre stratégie opérationnelle ?
Absolument, la durabilité est au cœur de notre approche. Notre raison d’être, «Utilisation responsable de la technologie au service de l’humain pour un monde meilleur», reflète cet engagement, et nous travaillons sans relâche pour en faire une réalité. Pour nous, la technologie n’est pas destinée à remplacer l’humain, mais à l’accompagner et à optimiser ses capacités. Dans cette optique, nous intégrons l’aspect énergétique dans nos solutions. Par exemple, notre filiale tunisienne a récemment collaboré avec une entreprise britannique spécialisée en Energy Tech sur un projet ambitieux de production d’hydrogène vert. Grâce à la technologie blockchain, nous avons assuré la traçabilité de cet hydrogène, illustrant la synergie entre transformation, technologie et durabilité. Ces efforts nous ont valu le prestigieux label Wirescore Platinum, reconnaissant notre engagement en matière de durabilité. Toutefois, nous restons conscients des défis: moins de 20% des entreprises dans le monde respectent pleinement les chartes RSE. Nous savons que les coûts et la complexité de mise en œuvre des mesures de durabilité demeurent élevés, mais nous restons déterminés à avancer dans cette voie et à contribuer à un avenir meilleur pour les générations futures.
Comment déclinez-vous cette approche durable auprès de votre clientèle? Quelles solutions proposez-vous pour les accompagner dans ces impératifs ?
Chez Talan, nous expliquons d’abord que cet engagement est profondément ancré dans l’ADN du groupe. Cela signifie qu’il s’agit d’un réflexe à intégrer et d’une culture à inculquer, aussi bien auprès de nos collaborateurs que de nos consultants. Pour concrétiser cette vision, nous avons mis en place un modèle managérial et opérationnel appelé “Bas Carbone”, qui valorise l’aspect environnemental dans toutes nos propositions. Par exemple, lors du développement d’une solution, nous intégrons un module spécifique appelé ecoCode dans nos chaines d’intégration continue conçu pour optimiser le développement des codes tout en minimisant la consommation énergétique (frugalité for tech). De plus, nous fournissons à nos clients un bilan carbone détaillé de la solution, permettant de mieux comprendre son impact environnemental. Dans la continuité de cette démarche, nos équipes ont développé en interne une application innovante appelée HOPE. Cette application mesure non seulement l’empreinte carbone des collaborateurs dans le cadre de leur travail, mais aussi celle des applications déployées. Elle est également utilisée dans le cadre des missions de transformation RSE chez nos clients, en dressant leurs bilans carbone, en analysant leurs processus opérationnels et en proposant des mesures concrètes de réforme. Cette approche, à la fois stratégique et opérationnelle, constitue une véritable valeur ajoutée pour les entreprises désireuses de s’engager dans une démarche durable tout en renforçant leur compétitivité.
Peut-on dire aujourd’hui que le facteur clé de la compétitivité d’une entreprise est sa capacité à générer de la data ?
La génération de données, bien qu’essentielle, ne suffit pas. Ce qui importe réellement, c’est la capacité à structurer, organiser et exploiter ces données pour en tirer de la valeur. Une architecture data solide est indispensable pour garantir l’efficacité opérationnelle et stratégique des entreprises. Chez Talan, nous avons investi dans des technologies avancées de gestion documentaire qui optimisent l’utilisation des données organisées et raffinées. Notre récente acquisition de Coexya, une entreprise réunissant 1000 experts, illustre cet engagement. Spécialisée dans les données dématérialisées, Coexya renforce notre capacité à collecter, analyser et interpréter les données de manière innovante. La data est devenue le nerf de la guerre, et sa gestion doit intégrer deux grands défis: les coûts d’hébergement des data centers et leur empreinte carbone. Talan s’impose ici comme un acteur clé en combinant technologie et innovation pour répondre à ces enjeux. Avec trois leviers stratégiques – la data, l’intelligence artificielle et la cybersécurité –, nous aidons les entreprises à booster leur productivité, renforcer leur résilience et stimuler l’innovation. Plusieurs secteurs illustrent bien l’impact de la data et de l’IA: la Finance, l’énergie et le Transport. Grâce à ces technologies, les entités peuvent par exemple abandonner les méthodes classiques d’analyse client pour cibler, optimiser leurs offres et concentrer leurs ressources sur les segments à forte valeur ajoutée, transformant ainsi la prise de décision et la performance globale.
Comment l’intelligence artificielle redéfinit-elle aujourd’hui les modèles économiques et quels changements anticipez-vous grâce à cette technologie ?
Avant tout, il est essentiel de comprendre que l’intelligence artificielle repose sur la convergence de trois piliers: la puissance de calcul, les algorithmes et les données massives. Parmi ces éléments, la qualité des données joue un rôle déterminant. C’est pourquoi des techniques comme le “data cleaning”, ou polissage des données, sont fondamentales pour garantir des données fiables et exploitables, essentielles pour la prise de décision. En termes de redéfinition des modèles économiques, les cinq dernières années ont été marquées par une transformation majeure: la digitalisation, la création d’infrastructures capables de générer des données et la démocratisation de la puissance de calcul. Ces évolutions montrent que la clé du succès réside dans la maîtrise de la data, de sa qualité et des moyens de son stockage. Parallèlement à l’intelligence artificielle, deux autres enjeux majeurs émergent: la cybersécurité et la gestion efficace des données. Chez Talan, nous avons structuré une offre complète qui répond à ces impératifs stratégiques. L’IA, au-delà d’être une simple technologie, vise à augmenter la productivité des “cols blancs”, tout comme la robotique améliora celle des “cols bleus”. Elle joue également un rôle clé dans la résilience des entreprises face à des crises exogènes comme la Covid-19 ou la guerre en Ukraine. Investir dans ces technologies avancées permet aux entreprises de bâtir un véritable “système immunitaire”, capable de protéger et d’optimiser leurs ressources tout en les rendant plus compétitives et résilientes.
Comment, selon vous, l’entreprise peut-elle améliorer sa résilience ?
Pour renforcer la résilience des entreprises, nous adoptons une démarche structurée qui commence par une révision complète des processus de travail de nos clients. Nos consultants en stratégie réalisent un bilan opérationnel détaillé, identifiant les failles existantes et les axes d’amélioration grâce à l’intégration d’outils technologiques basés sur la data et l’intelligence artificielle. À titre d’exemple, nous avons collaboré avec une grande entreprise de logistique sur un projet de transformation visant à optimiser ses opérations. L’objectif était de réduire les coûts de transport tout en améliorant la gestion et l’efficacité de ses trafics. Nous avons déployé des technologies avancées d’intelligence artificielle et de traitement de données, incluant des informations sur les conditions météorologiques et géopolitiques susceptibles d’impacter ses activités. Cette approche a permis à notre client de mieux anticiper les risques, d’optimiser ses ressources et de renforcer sa résilience face aux imprévus.
Parlons de votre récent rebranding.Quelles en sont les motivations et en quoi reflètent-elles la nouvelle stratégie de Talan ?
Notre rebranding est avant tout un message fort, destiné aussi bien à nos employés qu’à l’ensemble de l’écosystème. Après 20 ans d’existence, Talan a évolué pour devenir un acteur global, opérant dans 20 pays sur 5 continents dans le domaine du conseil et de l’expertise technologique. Cette transformation impose un alignement visuel et stratégique pour refléter nos ambitions de devenir un grand groupe international. Nous avons réinventé notre image, en modifiant notamment les couleurs et le design de notre logo, pour traduire notre quête d’innovation positive, d’audace et de créativité. Contrairement à la tendance des logos aux teintes sombres adoptée par nos concurrents, nous avons choisi des éléments visuels porteurs d’espoir et de détermination. Avec l’aide de l’agence Saguez and Partners, ce rebranding met en avant notre engagement pour une technologie responsable, au service du bien-être humain et pour un monde meilleur et plus inclusif.
Comment décririez-vous votre positionnement actuel face aux Big Four et aux sociétés technologiques ?
Grâce à la diversité de nos services, Talan est en concurrence directe avec des leaders mondiaux comme Accenture ou Cap Gemini, et pas uniquement avec les Big Four. Notre avantage compétitif réside dans notre rapidité d’exécution et notre offre intégrée, qui combine conseil stratégique, transformation organisationnelle et expertise technologique avancée. Nos consultants, au même niveau que ceux de cabinets comme McKinsey, BAIN ou BCG, adoptent une approche holistique et multidimensionnelle. Chez Talan, nous abordons chaque projet de transformation sous tous ses aspects, avec une agilité et une complémentarité d’expertises qui nous distinguent sur la scène internationale.
Comment concevez-vous le déploiement international de Talan? Y a-t-il des priorités géographiques?
Aujourd’hui, Talan est présent dans 20 pays et notre ambition est de figurer parmi le top 5 des acteurs du conseil et de l’expertise technologique dans toutes nos zones d’intervention. Cette vision est renforcée par deux récentes acquisitions, Micropole et Coexya, et par une équipe de plus de 2800 data scientists spécialisés en data et intelligence artificielle en France. L’Europe demeure une priorité stratégique, mais nous avons également identifié d’autres régions clés pour notre développement. En Amérique du Nord, notre objectif est de renforcer notre présence aux États-Unis et au Canada, avec déjà une équipe de plus de 700 personnes. Dans le Golfe, des marchés comme l’Arabie saoudite et les émirats arabes unis, fortement orientés vers la data et l’investissement technologique, offrent des opportunités considérables. En Afrique, nous avons déjà établi des filiales en Tunisie, à Maurice et au Maroc, et nous envisageons d’ouvrir d’autres centres d’excellence au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Kenya et en Afrique du Sud. Ces centres, pilotés principalement depuis la Tunisie, joueront un rôle clé dans la mobilisation et la formation des talents locaux sur des projets complexes et ambitieux.
Quel est l’objectif de ces centres d’excellence ?
Ils visent d’abord à avoir accès au potentiel local des talents, tout en permettant à nos ingénieurs tunisiens de travailler sur des projets de transformation majeurs. Cela constitue une préparation essentielle pour leur futur rôle dans des initiatives locales. Par ailleurs, ces centres soutiennent la modernisation des infrastructures, la refonte administrative et l’émergence du secteur privé en tant que levier clé de création de richesse en Afrique.
Comment voyez-vous Talan dans cinq ans ?
Je vois Talan comme un acteur mondialement reconnu, avec une empreinte technologique forte et un impact significatif tant sur le plan économique que social. Aujourd’hui, notre expertise repose principalement sur le conseil et les technologies, mais d’ici à cinq ans, nous ambitionnons de devenir un leader international dans le domaine des technologies du moment, et sans doute celles tournant autour de quantique. Nous croyons fermement que la quantique transformera radicalement les méthodes de travail et les systèmes d’organisation, en particulier en matière de sécurisation de l’information et de sa transmission ainsi qu’en l’augmentation de la capacité de calcul qui sera décisive dans l’optimisation et l’accélération de la résolution des systèmes complexes. Nous nous préparons dès maintenant à accompagner cette nouvelle révolution.
Quel impact peut avoir la réussite des entrepreneurs tunisiens de la diaspora sur l’image de la Tunisie auprès des investisseurs étrangers ?
Ces entrepreneurs sont, selon moi, les véritables ambassadeurs de la Tunisie à l’échelle internationale. Leur succès, d’abord à l’étranger, puis en Tunisie, renforce l’image positive du pays et des jeunes talents tunisiens. Toutefois, pour attirer les investisseurs étrangers, il est essentiel de travailler davantage sur le marketing des compétences tunisiennes. Au-delà des talents individuels, les investisseurs recherchent des écosystèmes capables de soutenir une croissance significative en termes d’effectifs, un domaine où la Tunisie doit encore progresser.
Un dernier mot ?
C’est toujours une belle initiative de maintenir un lien avec les Tunisiens qui réussissent à l’étranger. Cela permet non seulement de partager leurs expériences, mais aussi d’inspirer et de guider ceux qui souhaitent suivre leurs pas dans le domaine entrepreneurial.
Propos recueillis par Sahar Mechri & Dhouha Nasri