À fin 2017, l’Afrique comptait 148 000 fortunes ayant une richesse cumulée de 920 milliards de dollars, selon l’étude Africa Wealth Report 2018, publiée par le New World Wealth et AfrAsia Bank. En examinant et en classant les villes les plus riches du continent, l’étude fonde ses mesures sur la richesse totale détenue incluant propriété, liquidités, actions, intérêts commerciaux, détenus par les personnes résidant dans la ville.
Sur le nombre global d’individus possédant une fortune estimée à au moins 1 million de dollars, que les banquiers privés appellent les High net worth individuals (HNWI), 7100 sont des multimillionnaires, des personnes ayant une fortune dépassant les 10 millions de dollars, tandis que 320 sont des individus qui possèdent une fortune supérieure à 100 millions de dollars. L’Afrique comptait aussi 24 milliardaires à fin 2017. Le montant global de la richesse privée, soit celle détenue par des individus sur le continent, a atteint 2300 milliards de dollars. AfrAsia Bank et New World Wealth prévoient que cette richesse privée croîtra de 34% d’ici 2027, pour s’établir à 3100 milliards de dollars.
L’île Maurice, le Ghana, le Rwanda et l’Ouganda devraient enregistrer des taux de croissance de leur richesse privée, situés entre 90 et 150% sur les dix prochaines années. Le Mozambique, la Zambie, l’Ethiopie, le Kenya, le Botswana et la Namibie devraient réaliser des taux de croissance de leur richesse privée allant de 50 à 80%, d’ici 2027. Le rapport sur la richesse en Afrique publié chaque année couvre 17 pays africains. Certains pays comme l’Algérie et la RD Congo ne sont cependant pas couverts, en raison du manque de données fiables.
L’Afrique du Sud, leader de la gestion de patrimoine en Afrique
Selon le rapport, l’Afrique du Sud est le pays le plus riche d’Afrique, avec une propriété privée évaluée à 722 milliards de dollars. Le pays s’est ainsi positionné comme le principal centre de gestion de patrimoine de l’Afrique avec 82 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion, Johannesburg étant en première ligne.
Les services qui sont demandés par les gestionnaires de patrimoine incluent : les services de gestion d’actifs, la planification financière et la planification des successions. Les gestionnaires de patrimoine en Afrique ciblent généralement les personnes disposant de plus de 500 000 USD en actifs investissables. Alors que l’industrie de la richesse se lance sur le reste du continent, les marchés émergents les plus prometteurs pour la banque privée en Afrique sont désormais l’Île Maurice, le Maroc, l’Angola, le Ghana et le Kenya.
La richesse privée totale détenue en Afrique du Sud est passée de 670 milliards USD fin 2016 à 722 milliards USD fin 2017, tandis que la richesse des HNWI est passée de 284 milliards USD à 306 milliards USD. L’industrie s’attend à une croissance encore plus importante, au vu des prévisions du nombre de HNWI sud-africains, qui devrait augmenter de 28%, pour atteindre environ 56 000 d’ici 2027. A noter que l’Afrique du Sud rafle également le marché du luxe en Afrique, avec 2,2 milliards USD en 2017 alors que le rapport estime les recettes de l’ensemble du continent à environ 6 milliards USD en 2017.
L’explosion des fortunes à l’Île Maurice
Au cours des dix dernières années, la richesse totale détenue à l’Île Maurice a augmenté de 195% en dollars américains, ce qui en fait le pays avec le taux de croissance de la richesse le plus rapide en Afrique, avec l’une des trois plus fortes croissances mondiales au cours de cette période, selon le rapport.
La richesse totale détenue dans cette île s’élève désormais à 43 milliards de dollars, tandis que la richesse par habitant (la richesse moyenne par personne) s’élève à 33 000 dollars, faisant de l’Île Maurice le pays le plus riche d’Afrique d’après l’indicateur de richesse moyenne.
Selon le rapport, la forte croissance de la richesse à l’Île Maurice a été favorisée par une forte croissance économique, un secteur financier florissant et en croissance, et une forte augmentation du nombre de fortunes qui s’y installent, notamment d’Europe et d’Afrique australe. Parmi les autres facteurs figure la réglementation en matière de droits de propriété.
Selon le rapport, ce facteur est considéré comme le déterminant le plus important dans la création de richesses à travers le monde. L’Île Maurice offre aussi des taxes peu élevées, qui encouragent la création d’entreprises et attirent les retraités. Les taux d’imposition des sociétés et des particuliers ne sont que de 15%, sans impôt sur les successions ni sur les plus-values.
La résidence permanente à l’Île Maurice est automatique si l’on acquiert une habitation de plus de 500 000 dollars dans le pays, ce qui encourage les riches à s’y installer. Le cadre de vie avantageux entre également en compte : île, plages, climat, et paysages en sont les points forts. Pour ce qui est de la facilité des affaires, l’Île Maurice figure au premier rang en Afrique dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale pour l’année 2018 et au 25ème rang mondial. Le pays a également un faible taux de chômage et d’inflation.
Son système bancaire et sa Bourse sont bien développés. Les personnes résidentes à l’Île Maurice sont libres d’investir à l’étranger sans contrôle des changes. Selon le rapport, les autres facteurs positifs pour l’île incluent une liberté de presse, une forte entrée d’IDE, et un secteur informatique et manufacturier en croissance rapide.