Lors d’une table ronde, qui s’est tenue aujourd’hui à l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), organisée par la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-suisse, des experts et praticiens ont exploré les défis de la taxe carbone, qui entrera en vigueur en 2026.
L’événement a mis en lumière l’importance d’une préparation stratégique et d’une transition numérique et énergétique pour les entreprises tunisiennes, en s’inspirant des bonnes pratiques suisses dans le domaine.
Karim Ahres, membre du bureau exécutif de la Conect et spécialiste de la transition numérique, a souligné un problème fondamental: le retard des entreprises tunisiennes dans la numérisation. «Sans numérisation, il est impossible de collecter en temps réel les données nécessaires pour piloter une transformation durable», a-t-il expliqué.
Il a également mis en garde contre les impacts environnementaux du numérique, citant l’exemple de l’intelligence artificielle, dont les demandes consomment jusqu’à dix fois plus d’énergie qu’une recherche classique sur Google.
Pour Karim Ahres, la Tunisie doit non seulement rattraper son retard en matière de numérisation, mais aussi intégrer dès le départ des principes de numérique responsable afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ezzedine Khalfallah, consultant international en énergie, a insisté sur l’importance des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique comme solutions prioritaires pour réduire l’empreinte carbone des entreprises tunisiennes.
Il a évoqué des opportunités réglementaires permettant aux sociétés de s’investir dans des projets d’autoproduction énergétique: «La mise en place de projets d’efficacité énergétique, combinée à l’utilisation rationnelle de l’énergie, peut constituer un levier majeur pour diminuer l’impact carbone», a-t-il déclaré.
Khalfallah a également mis l’accent sur l’importance de sensibiliser les entreprises aux mécanismes d’ajustement carbone aux frontières, qui concernent de plus en plus de secteurs après 2026.
Rym Adjam, responsable RSE à la SFBT, a élargi le débat en liant la question de la taxe carbone à la notion de performance globale. Selon elle, les entreprises tunisiennes doivent intégrer la durabilité non seulement comme une obligation réglementaire, mais aussi comme un levier de performance économique, environnementale et sociétale: «La taxe carbone ne doit pas être vue comme une contrainte, mais comme une opportunité pour améliorer la compétitivité et la gouvernance des entreprises», a-t-elle affirmé.
Les échanges ont également mis en évidence la nécessité d’une formation approfondie pour aider les entreprises tunisiennes à calculer leur bilan carbone et mettre en œuvre des stratégies de décarbonation. Comme l’a résumé Leila Charfi, conseillère en écosystèmes durables, «ces discussions permettent de mieux comprendre les défis et les opportunités liés à la taxe carbone et d’aider les entreprises à se positionner stratégiquement».
L’événement a conclu sur une note d’urgence: pour rester compétitives et alignées sur les exigences internationales, les entreprises tunisiennes doivent dès maintenant adopter des pratiques durables. Entre numérisation, énergies renouvelables et gouvernance responsable, les solutions existent – à condition de s’y engager activement.