Lors de l’ESG African Summit qui s’est tenu aujourd’hui, des experts de différents horizons ont exploré les opportunités et challenges pour transformer l’Afrique en un pôle de crédits carbone.
Afef Jaafar, experte en énergie et climat au ministère de l’Industrie en Tunisie, a introduit le sujet en rappelant les bases historiques du marché du carbone.
Elle a évoqué le mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto, qui permettait aux pays industrialisés de compenser leurs émissions grâce à des projets dans les pays en développement.
Avec l’Accord de Paris, les échanges de crédits carbone sont devenus bilatéraux, impliquant des engagements pour tous les pays, y compris ceux en développement.
Cependant, elle a souligné la nécessité de vigilance pour éviter le “overselling” et respecter les Contributions déterminées au niveau national (CDN). Ce cadre renforce les opportunités tout en imposant une prudence accrue dans la gestion des engagements climatiques.
Adrian Mill, directeur général d’ESS, a présenté les crédits carbone comme un pilier des stratégies ESG. Il a détaillé trois approches principales: réduire l’empreinte carbone, investir dans des technologies durables et compenser les émissions incompressibles à travers des projets à impact.
Ces initiatives, bien que volontaires pour l’instant, se profilent comme des obligations futures, anticipées par des cadres réglementaires émergents dans des régions comme Singapour et l’Amérique du Nord.
Anita Wieja-Caruba, de la Dubai Financial Services Authority, a mis l’accent sur l’importance de réguler le marché volontaire du carbone pour garantir sa crédibilité. Elle a mentionné des efforts internationaux, notamment ceux de l’Iosco, pour poser les bases de principes solides.
À long terme, elle prévoit une inclusion progressive des PME dans ces mécanismes, avec des outils comme le CBAM (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) jouant un rôle clé dans l’incitation à réduire les émissions.
Mahjoub Langar, CEO de Poulina Holding Group, a souligné les implications du CBAM pour les exportateurs tunisiens. Sans mesures adaptées, ces entreprises risquent de perdre en compétitivité sur les marchés internationaux.
Il a insisté sur l’importance de dresser des bilans carbone sectoriels et d’améliorer les données disponibles pour identifier les secteurs prioritaires.
Selon lui, la Tunisie doit voir ces contraintes comme une opportunité pour structurer un cadre réglementaire efficace et attirer des financements internationaux.