L’édito de Sahar Mechri
En ces temps difficiles, le déficit commercial est à des niveaux jamais atteints. Il bat, d’un mois à un autre, ses propres records. Des voix s’élèvent partout pour déplorer sinon dénoncer les importations aussi non nécessaires que superflues. Une telle attitude est certes légitime mais dans un monde où les libertés, notamment commerciales, arrivent en pôle position des valeurs, il serait tout aussi judicieux de nous questionner sur nos exportations.
Certes, il est plus aisé de fermer un robinet que de créer un nouveau ruisselet de croissance, qui pourrait sécuriser notre futur. A l’heure où nous exportons pour des raisons historiques six fois plus en Europe qu’en Afrique, un examen de conscience s’impose.
Thierry Apoteker, expert international et président de TAC Economics, invité pour la conférence d’Attijari bank dans son siège à Tunis, nous apprend que parmi les 10 produits d’importation les plus convoités en Afrique, on compte les appareillages électriques, les produits textiles et l’agroalimentaire. Point besoin d’être grand clerc, notre salut viendrait de cette terre censée être notre nouvel horizon et notre nouvelle frontière. L’Afrique caracole en tête de la planète avec une croissance à presque deux chiffres. Pour Apoteker la Tunisie ne détient que 0.4% du marché quand les Chinois en accaparent 18.2%.
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C’est dire que ce n’est facile ! Les premiers investisseurs s’y sont déjà déployés mettant en œuvre toute une vision impliquant toutes les parties prenantes. Il ne suffit pas d’actions disparates. La volonté toute seule est également impuissante. Il faut une vision partagée qui fasse adhérer les organes de l’Etat, le secteur privé, le syndicat et les médias…avant qu’il ne soit trop tard !
Notre invitée de ce mois a franchi le pas et mis avec succès le cap sur l’Afrique ! Elle inaugurera dans quelques mois une première unité en Côte-d’Ivoire, prélude à l’ouverture d’une prochaine entreprise au Sénégal. Totem du self made woman, qui a quitté le confort de banquière pour oser s’attaquer à un marché dominé par un grand fournisseur. Vingt-cinq ans après, Jelila Mezni, cofondatrice et PDG de SAH, a hissé la marque Lilas au rang de leader sur le marché tunisien.
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Cerise sur le gâteau, elle exporte 30% de son chiffre d’affaires. Signe de reconnaissance de son audace et de sa réussite, Jalila Mezni est montée à la première marche du podium au Forum International Afrique Développement, organisé par Attijariwafa Bank, à Casablanca. De nature discrète, fermement décidée à éviter les feux de la rampe et à esquiver la médiatisation, elle nous a accordé sa première interview. Retour sur un parcours passionnant.
De quoi donner envie d’entreprendre, d’oser et de gagner!
Un train en cache un autre. Ce n’est pas sans raison qu’on parle de déficits jumeaux. Le déficit budgétaire est à son plus haut niveau avec les conséquences que l’on sait. Dans notre dossier nous nous sommes donné pour ambition de braquer les projecteurs sur les marchés publics. Comptant pour 40% du budget de l’Etat, ils sont de toute importance. Stimuler l’efficacité de la passation des marchés publics serait d’un grand intérêt pour optimiser l’efficacité de la politique budgétaire mais également celle du secteur privé à travers un allègement du problème de trésorerie qui fera que les meilleures entreprises brillent davantage.
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Indubitablement ceci passe par l’amélioration de la transparence, l’instauration de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Plusieurs avancées ont été effectuées ces dernières années. Des programmes ont été lancés par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Haute Instance de la Commande Publique ayant abouti entre autres à la mise en place d’une plateforme de passation en ligne.
Toutefois, dans cette panoplie d’instances, de commissions, de décrets, le prestataire est généralement mal informé sur ses droits et ses possibilités de recours. Assurément, c’est l’objet de notre dossier.
Tout n’est pas motif d’interrogation. Il est des pépites qui mettent du baume au cœur des Tunisiens. L’application Digicash est de celles-là. Elle vous permet dorénavant de transférer de l’argent à tous les contacts de votre smartphone mais aussi payer vos factures simplement via l’empreinte digitale ou l’introduction du code PIN. Une première effectuée par la poste tunisienne! Édifiant !