Le conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie a décidé, sans surprise, de maintenir son taux directeur à 8%. Du communiqué publié hier soir, nous avons sélectionné les principales données à retenir.
La première est que les données disponibles dans le tableau de bord de la Banque plaident pour un redressement progressif de la croissance au cours du deuxième trimestre. L’amélioration proviendrait de l’activité agricole et des services. Il ne faut pas oublier que la campagne céréalière serait modeste dans l’absolu, mais significativement meilleure que la récolte catastrophique de l’année dernière. Il y a également la bonne tenue du tourisme et l’année 2024 pourrait devenir celle de référence, aussi bien en termes de nombre de touristes que de recettes.
La deuxième est que le déficit énergétique est en train de balayer tous les efforts fournis ailleurs. Représentant 77,6% du déficit commercial sur les 5 premiers mois de 2024 contre 57,8% en 2023, la réduction du déficit de la balance courante a été limitée. Il a été de -0,9% du PIB contre -2,3% fin mai 2023. C’est ainsi que les réserves de change ont pu afficher une forte résilience à 23 620 Mtnd à la date du 19 juin 2024.
La troisième est l’inquiétude qui continue quant aux risques de hausse des prix. L’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés) s’est établie à 7,3% en mai 2024 contre 7,5% en avril, et ce, en dépit de l’accélération du rythme de progression des prix des produits alimentaires frais (10,8% en mai contre 9,7% en avril 2024). Le scénario d’une détente graduelle de l’inflation demeure toujours en vigueur, mais il faut surveiller les sources de risques haussiers sur le court et le moyen terme, notamment la remontée des prix internationaux des produits de base et de l’énergie sur fond d’exacerbation des tensions géopolitiques, du stress hydrique, et de la situation des finances publiques, surtout en l’absence de mobilisation des ressources extérieures.
Nous comprenons bien que la baisse du taux directeur n’est pas envisagée dans un avenir proche. Il faudra attendre les deux derniers mois de l’année pour espérer sérieusement une révision. À notre avis, la probabilité de terminer l’année avec ce niveau est plus élevée que celle d’une réduction. Nous étions optimistes quant à une baisse au cours du second semestre 2024. La conjoncture locale et régionale n’est pas favorable à un tel pas.