Lors de la publication de l’exécution du Budget de l’Etat pour l’année 2023, un élément clé manquait : la répartition des dépenses de compensation. Cela a été rectifié à l’occasion de la publication de l’exécution à fin mars 2024.
Pour l’ensemble de l’exercice 2023, la compensation a coûté 11 475 Mtnd, répartie en 3 805 Mtnd pour les produits de base, 7030 Mtnd pour les carburants et 640 Mtnd pour le transport. Il y a donc un respect total des prévisions dans la Loi de Finances Rectificative 2023. Sur les trois premiers mois de 2024, les chiffres affolent déjà les compteurs, avec une facture globale de 1 389 Mtnd, dont 999,6 Mtnd pour les carburants et 171,6 Mtnd pour les produits de base.
Par ailleurs, nous avons lu aujourd’hui la confirmation de Madame la Ministre de l’Industrie, de l’énergie et des mines que les prix à la pompe ne bougeront pas cette année. C’est une très bonne nouvelle pour le consommateur, mais elle pèse sur le budget. Nous comprenons l’idée de l’exécutif : dans un cycle inflationniste qui a duré longtemps, toucher à ces prix va encore rendre sa maîtrise difficile. De plus, les prix du baril tournent autour des estimations présentées dans le Budget de l’Etat 2024.
Toutefois, si nous approuvons totalement la subvention des denrées alimentaires, celles du carburant peut être révisée. Sur trois mois, nous sommes presque à 1 milliard de dinars. Ce montant, payé en devises, aurait changé le quotidien à nos hôpitaux, de milliers d’enfants dans les zones rurales, de centaines de jeunes entrepreneurs qui manquent d’une ligne de garanties pour pouvoir lancer leurs projets. Ce montant aurait pu sauver la TRANSTU qui souffre de l’absence de liquidité. Comment subventionner l’essence à une personne qui a un véhicule et délaisser ceux qui dépendent du transport public galérer avec le manque de moyens de l’entité publique chargée de l’assurer ?
Ce n’est pas dans une logique d’austérité, mais plutôt de réallocation de ressources à des fins plus utiles. Le momentum n’est probablement pas le meilleur, vu les tensions sur les prix d’une façon générale, mais cela peut être fait progressivement, sur plusieurs années, avec une trajectoire identifiée et objectif clair de se rapprocher des prix réels. Même si réussissons à arracher 2 ou 3 milliards de dinars à la subvention et les injecter dans des secteurs prioritaires ou dans des entités publiques qui manquent de moyens financiers.
Ce sont de grandes manœuvres à planifier, qui peuvent aussi accélérer la transition énergétique. C’est l’un des outils qui poussera les entreprises à anticiper une hausse durable des prix des carburants et chercher à explorer des sources d’électricité plus propres. Il est temps de penser sérieusement à cela.