En décembre 2023, la Tunisie et la Turquie se sont mises d’accord sur la révision de l’accord de libre-échange entre les deux pays. L’objectif est de maîtriser le déficit commercial colossal avec la Turquie et de protéger l’industrie tunisienne à travers trois mesures essentielles:
– Un droit de douane pour une liste définie de produits industriels, ayant un équivalent local, pendant cinq ans, entre 27 et 37,5% (75% du tarif appliqué pour le régime général),
– Un soutien unilatéral turc en faveur des exportations agricoles tunisiennes, via l’instauration de quotas annuels totalement exonérés de droits de douane,
– Un travail sur le volume des investissements turcs en Tunisie et l’organisation d’un forum d’investissement tuniso-turc pour présenter des projets et des opportunités d’investissement en Tunisie aux investisseurs turcs. Il est prévu à Istanbul au cours du premier semestre 2024.
Depuis, quatre mois se sont écoulés et une première évaluation est possible. Au niveau des importations, elles ont montré une baisse de 4,8%, à 1 1198,9 Mtnd. À noter que même en 2023, et sur la même période, les importations ont montré un fléchissement important de 34,7%. A priori, il y a un léger effet positif, mais c’est à suivre encore pour comprendre la dynamique de ces mouvements. Côté importations, il y a une hausse de 7,3%, à 247,3 Mtnd. Le montant demeure toujours faible, ce qui ne permet pas de constater un rebond significatif.
Une grande partie de ces évolutions peuvent être expliquée par l’effet change. Durant les quatre premiers mois 2023, la parité TRY/TND a évolué entre 0.170 et 0.160. Mais sur la même période en 2024, cela était entre 0.097 et 0.100. En d’autres termes, et si nous tenons compte des taux les plus élevés, cela signifie qu’il y a une appréciation du TND de 39,3%. Nous n’avons pas les volumes, mais nous pensons qu’à taux de change fixe, les importations auraient été plus importantes.
La compétitivité des Turcs par les prix n’est pas à sous-estimer. Ils ont tout simplement compensé le taux de douane par la baisse de leur monnaie. Le résultat est un déficit permanent et il est évident que nous allons terminer l’année 2024 avec un déficit commercial bilatéral d’au moins 2 500 Mtnd dans le meilleur des cas. Le casse-tête commercial turc est loin d’être fini.