Depuis l’instauration du statut d’auto-entrepreneur en Tunisie, une certaine incertitude persiste quant à son cadre légal effectif. En l’absence de textes d’application précis, ces travailleurs indépendants se retrouvent soumis au régime fiscal standard, nécessitant l’obtention d’une patente et les plaçant dans la catégorie des bénéfices non commerciaux, à l’instar des professions libérales.
Cependant, alors que ces activités émergent en tant que sources de revenus régulières, la question de leur régularisation se pose avec acuité. Selon Anis Ben Said, expert judiciaire, plusieurs démarches s’imposent pour ces entrepreneurs afin de se conformer aux exigences légales et fiscales du pays.
En premier lieu, il est crucial de régulariser sa situation fiscale en optant pour la création d’une patente ou d’une société, selon la nature de ses activités et ses besoins spécifiques. Cette initiative s’accompagne désormais de l’obligation d’obtenir un Identifiant Fiscal et de TVA, conformément à une législation tunisienne récente.
Parallèlement, l’inscription au Registre National des Entreprises (RNE) est désormais obligatoire pour tous les détenteurs de patente, en plus de l’identifiant TVA requis par certaines plateformes. Cette formalité administrative vise à garantir la conformité fiscale et sociale des auto-entrepreneurs.
De même, la déclaration fiscale, qu’il s’agisse de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP) ou de l’Impôt sur les Sociétés (IS), ainsi que l’affiliation à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), sont des étapes indispensables pour se plier à la réglementation en vigueur.
Il est toutefois important de noter que ces démarches peuvent avoir des répercussions sur les droits des nouveaux diplômés, en particulier en ce qui concerne leur éligibilité à certains programmes d’aide, comme le CIVP et le programme Karama. En effet, selon un article publié par Proservy, L’Office Management 100% Digitalisé, la cotisation à la CNSS peut restreindre l’accès à ces programmes, nécessitant une gestion prudente de leur situation fiscale et sociale.
Le choix du statut juridique revêt également une importance cruciale. Entre l’entreprise individuelle et la Société Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (SUARL), les auto-entrepreneurs doivent prendre en considération divers facteurs tels que la disponibilité des revenus et la fiscalité applicable.
Dans le cas de l’entreprise individuelle, la simplicité des procédures et l’accès immédiat aux revenus sont des avantages indéniables, tandis que la SUARL offre une gestion plus structurée des finances, mais impose des contraintes fiscales supplémentaires.
En somme, la régularisation des auto-entrepreneurs en Tunisie exige une démarche proactive pour se conformer aux exigences légales et fiscales du pays. Entre le choix du statut juridique, les démarches administratives et les implications sur les droits sociaux, les entrepreneurs doivent prendre des décisions éclairées pour assurer la pérennité de leur activité dans un environnement en constante évolution.