C’est la saison des bilans. La dernière publication du Guide des risques pays et secteurs 2024 par Coface offre un éclairage approfondi sur l’évaluation des risques structurels et macroéconomiques influençant la capacité des entreprises à maintenir leurs flux de trésorerie. Cette étude couvre 160 nations ainsi que 13 secteurs, tous classifiés selon une échelle de risque allant de A1 à E. Dans ce cadre, la Tunisie se voit attribuer la note “C”. Ce qui revient à dire: “Perspectives économiques et financières très incertaines. Le contexte politique pourrait être instable. L’exposition au risque climatique et/ou au risque souverain est une vulnérabilité importante”.
Les atouts du pays résident dans sa diversification économique, embrassant des secteurs tels que le tourisme, les ressources naturelles telles que l’olive, les phosphates, les hydrocarbures, ainsi que des industries compétitives à l’instar de l’automobile, de l’aéronautique et du médical. Par ailleurs, sa proximité géographique avec le marché européen ouvre des horizons prometteurs en termes d’opportunités commerciales et d’exportation.
Néanmoins, cette analyse pointe du doigt plusieurs aspects négatifs:
1. La Tunisie est confrontée à des tensions sociales, marquées par un taux de chômage élevé parmi les jeunes, des disparités régionales, une fuite des cerveaux et une émigration clandestine, ainsi que des agitations sous forme de grèves et de manifestations.
2. Le pays souffre d’une concentration des pouvoirs présidentiels et d’une faible adhésion populaire aux nouvelles institutions instaurées par la constitution adoptée en 2022.
3. La prégnance de l’économie informelle entrave les finances publiques.
4. Les réformes du secteur public se heurtent à des obstacles, notamment une masse salariale pesante pour le budget de l’État.
5. Des secteurs tels que le textile et le tourisme voient leur avantage compétitif reculer.
6. La dépendance énergétique demeure un enjeu majeur pour la Tunisie.
En regard des perspectives pour l’année 2024:
1. Les finances publiques resteront fragiles, en partie du fait du refus du président Saïed d’implémenter les mesures d’assainissement budgétaire préconisées par le FMI.
2. Le manque de financement externe orientera les autorités vers les banques locales et les réserves de change, potentiellement exacerbant la pénurie de devises et alimentant l’inflation.
3. Le contexte économique peu engageant risque de dissuader les investissements, tandis que l’inflation et le chômage pourraient freiner la consommation. Certains secteurs, comme le tourisme et le textile, pourraient particulièrement en pâtir, notamment face à la conjoncture économique européenne et aux défis agricoles posés par la sécheresse.
4. Des troubles sociaux sont envisageables à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour l’automne 2024.
Il est important de souligner qu’aucun des 45 pays africains évalués dans le guide ne se distingue nettement des autres, tous étant classés entre A4 et E. Aux côtés de la Tunisie, on retrouve notamment des pays tels que l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Cameroun, le Ghana, la Mauritanie ou encore le Gabon. Toutefois, certains pays sont avancés d’une note. Parmi eux, le Maroc – seul pays du Maghreb -, ainsi que le Bénin, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Rwanda et la Tanzanie qui ont tous obtenu la note B.