Le Centre des Jeunes Dirigeants de Tunisie (CJD) a lancé l’initiative innovante CJD Talks 2024 pour explorer les défis majeurs auxquels font face les chefs d’entreprises et les investisseurs tunisiens. Imen Maouene, Senior Manager chez Ernst & Young, a inauguré ces discussions en mettant en lumière le thème crucial de la compétitivité des entreprises face à la lenteur de la transformation digitale de l’administration tunisienne. La discussion entre Maouene et Abdelaziz Darghouth, ancien président du CJD a souligné la situation actuelle de la transition numérique en Tunisie et son impact direct sur l’économie locale.
Dire que 120 services publics sont digitalisés et qu’il y a une transformation digitale à 89% en Tunisie ne suffit pas, selon Maouene. Autrement dit, la simple mise en place d’un site web ou d’un portail ne constitue pas une transformation complète du service public. Le principal dans la discussion de la transformation digitale est équivalent, par exemple, à une expérience utilisateur, une expérience citoyenne qui doit être accessible, harmonisée et optimale, permettant de gagner du temps. À dire vrai, “La transformation digitale réussira lorsque les entreprises comprendront la nécessité de l’ouverture. Aucune entreprise ne peut tout faire en interne, et l’acceptation de l’approche d’open innovation peut entraîner un changement de mentalité”, ajoute-t-elle. En parallèle, il est essentiel de comprendre l’évolution de l’écosystème, de collaborer avec les startups et de gagner du temps grâce à cette collaboration, souligne-t-elle.
La Tunisie se trouve actuellement confrontée à d’importants défis dans le domaine de la transformation digitale, comme l’a souligné Imen Maouene. Un défi majeur se profile, mettant en évidence la nécessité d’une profonde acculturation, avec une focalisation particulière sur le citoyen, le client ou l’usager. Maouene a noté une lacune dans cette approche au sein des chefs de projets de l’administration, en soulignant que le simple accompagnement des consultants ne suffit pas. Elle insiste sur la nécessité d’un changement culturel réel, mettant en avant l’idée que les projets devraient se concentrer sur le client pour gagner en agilité. Elle souligne également l’importance d’intégrer l’acceptation de l’échec au sein de la nouvelle culture organisationnelle. Selon ses propos, l’itération et l’implication continue des utilisateurs finaux jouent un rôle crucial dans la garantie du succès de la transformation digitale.
Défis actuels et potentiels non exploités:
Imen Maouene suscite des interrogations quant à la faible inclination des entreprises tunisiennes pour l’innovation, malgré la mise en place d’initiatives telles que les hackathons. Elle met en avant le potentiel inexploité des chercheurs et des startups, évoquant un possible déficit de confiance. Maouene insiste sur la nécessité impérative de revoir les contraintes juridiques obsolètes entravant la création d’entreprises.
Vision et culture agile:
La vision, d’après Maouene, revêt une importance cruciale, plaçant la culture et la formation au cœur du processus de transformation digitale. Elle préconise une approche collaborative, des ateliers avec les utilisateurs finaux dès le début du projet, ainsi qu’une révision des méthodes de travail traditionnelles. Elle met en avant que la construction d’une relation de confiance avec les citoyens repose sur l’expérience vécue, soulignant l’essentielle ouverture à l’erreur.
En conclusion, Maouene met en exergue la nécessité de créer une dynamique de projet fondée sur la culture, l’entraide et l’apprentissage continu. Elle souligne l’impératif de connecter les acteurs de l’écosystème tunisien, encourageant l’open innovation et prônant la construction d’une confiance mutuelle. Selon elle, la transformation digitale en Tunisie requiert un changement profond de mentalité, une acceptation de l’échec et une collaboration harmonieuse entre citoyens, entreprises et administration.