La Chambre de Commerce et de l’Industrie Tuniso-française (CCITF) prévoit des journées de réflexion pour les années 2024 et 2025 afin de consolider des recommandations orientant les entreprises tunisiennes vers une démarche économique responsable.
A cette occasion, un livre blanc sera élaboré, servant de guide pour les entreprises souhaitant s’inscrire dans cette dynamique en harmonie avec les spécificités du pays. À la suite des séances de réflexion, la CCITF envisage de lancer une phase d’expérimentation impliquant au moins dix entreprises. Ces entités seront sélectionnées pour bénéficier de financements et d’un accompagnement dans des projets de transformation. L’objectif de cette initiative novatrice est de tester un modèle d’entreprise axé sur la responsabilité sociale et environnementale, tout en prenant en considération le contexte national.
Lors de la première journée de réflexion qui s’est tenue aujourd’hui à Tunis, le thème central était “La société à mission en France”, un cadre juridique introduit en France en 2019 par la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises). Différente des entreprises engagées dans la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), cette nouvelle forme d’entreprise se distingue par ses impacts sociaux, sociétaux et environnementaux. Une société à mission doit inclure dans ses statuts des objectifs environnementaux et sociétaux, s’engageant ainsi à contribuer à une finalité d’intérêt collectif. En fait, la qualité de “société à mission” est soumise à des audits réguliers pour vérifier la véracité et la pérennité de ces engagements. Actuellement, 1700 entreprises en France adhèrent à ce statut, selon les déclarations de Raja Touil, directrice générale de la CCITF.
Dans le cadre de cette journéee, des experts renommés, tels que le chercheur français Armand Hatchuel, le juriste en affaires Errol Cohen, et le président de CAMIF, Eymery Jacquillat, ont été conviés à partager leurs connaissances. Thomas Ghier, directeur général de Sagemcom Tunisie, a également présenté un exemple concret d’une entreprise française à mission installée en Tunisie.
Raja Touil a souligné que le défi majeur des entreprises de demain est d’adopter un comportement responsable, en coordination constante avec les universités. Elle a noté la nécessité d’une meilleure intégration entre le monde économique et académique en Tunisie. La SFBT et la Sotupa, entreprises locales ayant déjà adopté le modèle RSE, sont actuellement en phase d’expérimentation du modèle d’entreprise à mission.
Selon Raja Touil, le modèle d’entreprise à mission offre des avantages considérables pour les entreprises tunisiennes, générant un impact positif sur leurs parties prenantes internes et externes. L’adoption de ce modèle responsable devient impérative, d’autant plus que les bailleurs de fonds internationaux sont de plus en plus attentifs à la responsabilité des entreprises, un ‘gage de confiance’ selon Raja Touil.
Bien que la Tunisie n’ait pas encore établi de cadre juridique régissant ces pratiques, “la CCITF envisage de présenter un projet de loi à l’avenir, en s’appuyant notamment sur les conclusions du livre blanc issu de ces journées de réflexion”, a fait savoir Raja Touil. Par ailleurs, Manuel Bufala, chargé d’affaires à l’ambassade de France en Tunisie, a souligné l’importance pour les entreprises de formuler des propositions aux autorités chargées des politiques et des réformes économiques. En tant que principal partenaire économique de la Tunisie, la France met à disposition son expertise et encourage les échanges de bonnes pratiques. Il a ajouté que divers facteurs, tels que la qualité du capital humain, la proximité culturelle grâce à la francophonie, et la position géographique stratégique en tant que carrefour entre les marchés européens, maghrébins et subsahariens, favorisent la Tunisie pour les entreprises françaises.