Allez faire un tour sur votre page Facebook pour vous apercevoir que l’offre des cartes bancaires internationales, alimentées en dinars, explose sur le réseau social. L’idée est simple: des cartes virtuelles et/ou physiques, délivrées de main en main, et qui permettent de s’offrir des abonnements sur les plateformes de streaming, des achats d’applications ou des achats de sites de e-commerce bien connus.
Pas besoin d’être grand clerc pour deviner que ce sont des Tunisiens résidents à l’étranger qui sont derrière ce business devenu juteux. Ouvrir des comptes bancaires dans des plateformes de paiement en devises et liés à votre adresse électronique est simple. Il suffit d’avoir une adresse postale réelle dans un pays européen, ce que le fournisseur peut facilement vous offrir grâce à son lieu de résidence. Le reste consiste à lui verser des dinars par n’importe quel moyen dans un compte tunisien contre des euros ou des dollars dans votre carte. Le taux de conversion est naturellement plus élevé que celui officiel, lui assurant un gain considérable. D’ailleurs, le fait d’éviter les frais bancaires des transferts en devises suffit à lui seul d’engranger une belle prime.
Ce type de business prive le pays de rentrées significatives en devises. C’est l’une des facettes des restrictions réglementaires en matière de change. Nous comprenons bien que le pays ne peut pas se permettre aujourd’hui d’autoriser la libre circulation des flux financiers dans les deux sens. Jamais la Tunisie n’a payé plus de 12 milliards de dinars de service de la dette extérieure au titre d’un seul exercice budgétaire, mais c’est bien le cas cette année. Néanmoins, le bon sens indique qu’il faut agir.
En pratique, contrôler ces dépassements demeure très difficile car toutes les phases du processus, qui sont effectuées sur le territoire national, sont légales. Il est temps de réviser en profondeur la réglementation ou permettre aux entreprises les plus sollicitées de s’installer localement, ce qui permettra aux Tunisiens de s’offrir des services, désormais basiques, en dinar. Rester les mains croisées ne fera qu’aggraver l’hémorragie.