L’un des problèmes de la Tunisie est l’effondrement de l’épargne nationale. Depuis 2010, le taux de l’épargne nationale s’est inscrit en baisse. Ce ratio désigne la part du revenu disponible brut qui n’est pas utilisée par les ménages en dépenses de consommation finale. Il n’est donc pas difficile de comprendre que l’inflation a fait mal à l’ensemble de l’économie.
En 2022, l’épargne nationale a progressé pour la deuxième année consécutive, passant de 8,1% en 2021 à 8,7% en 2022, contre un taux d’investissement de 16 et 16,3% du PIB, respectivement. Cette amélioration reflète deux facteurs. Le premier est l’évolution de la croissance du PIB aux prix courants à un rythme plus élevé que celui de la consommation (10,2% contre 9,3%). Le second est la contribution de l’épargne extérieure grâce aux Tunisiens résidant à l’étranger avec des transferts de 9468 Mtnd en 2022. Quant à l’épargne de l’administration centrale, le solde des ressources propres et dons par rapport aux dépenses courantes, y compris les intérêts de la dette, a atteint -1361 Mtnd. En conséquence, l’épargne nationale n’a permis de couvrir que 55,1% de la formation brute de capital fixe et 50,2% de l’investissement, compte tenu de la variation des stocks. En 2021, ce taux était de 58,2%.
Pour l’année 2023, la BCT prévoit une accélération de l’épargne nationale à un rythme plus important que celui de l’investissement. Cela pourrait réduire le gap de financement entre l’investissement et l’épargne nationale et qui devrait, néanmoins, se maintenir à un niveau élevé. L’épargne totale couvrirait 58,5% des financements.
Néanmoins, dans l’absolu, ces chiffres sont mauvais. Sans une épargne suffisante, l’économie ne pourra jamais fonctionner correctement. Les taux sont actuellement élevés et nous pensons qu’ils vont commencer à baisser à partir du second semestre 2024. Il n’y aura pas assez de ressources pour enclencher un nouveau cycle économique. Il faudra impérativement ouvrir la porte devant les investissements étrangers, car ils sont les seuls capables de couvrir ce gap. En d’autres termes, une révolution réglementaire qui se fait attendre depuis des décennies.