Le Sant Pau Recinte Modernista à Barcelone a accueilli, les 10 et 11 juillet 2023, le deuxième événement régional du projet INVESTMED, en collaboration avec l’Association des économistes euro-méditerranéens (EMEA) et l’Institut européen de la Méditerranée (IEMED). L’événement a réuni les participants au projet: des entrepreneurs et structures d’appui, des experts et des parties prenantes. Et ce, pour aborder les défis auxquels sont confrontées les MPME méditerranéennes, tout en explorant les opportunités de croissance durable.
95% de l’ensemble des entreprises à l’échelle mondiale sont des micro, petites et moyennes entreprises (MPME). Celles-ci créent jusqu’à 60% des opportunités d’emploi, selon les données de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Autant d’éléments qui traduisent l’importance du rôle que jouent ces entités dans l’activité économique. Ces MPME sont, par ailleurs, confrontées à des chocs exogènes frappant leurs chaînes d’approvisionnement. Leur capacité à réagir efficacement aux fluctuations de la demande sur le marché se trouve de facto impactée, selon les organisateurs du projet. Les MPME font alors face à des défis touchant leur compétitivité, leur durabilité, leur capacité d’internationalisation et d’innovation. En effet, la sur-utilisation des ressources naturelles met en péril leur durabilité. Ces obstacles sont amplifiés par des facteurs économiques et sociaux sous-jacents, auxquels s’ajoutent des événements extérieurs tels que la pandémie mondiale et le conflit en Ukraine, comme l’a souligné Rym Ayadi, fondatrice et présidente de l’EMEA. Créé en octobre 2012 à Barcelone, l’EMEA est un institut de recherche. Nouant des partenariats avec un vaste réseau d’universités, de centres de recherche, d’instituts, de groupes de réflexion, d’ONG et d’OSC, l’association contribue activement à la transition en cours dans la région euro- méditerranéenne et en Afrique, eu égard aux crises financières mondiales, aux incertitudes géopolitiques et aux conflits.
Grâce au projet INVESTMED, mis en œuvre conjointement par 8 partenaires et cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du Programme ENI CBC Med 2014-2020, avec un budget total de 3,6 millions d’euros, dont 90 % sont financés par l’ENI CBC MED, les initiateurs du projet visent à favoriser une transformation positive des PME, des start-ups et des jeunes entreprises. Plus précisément, INVESTMED offre une formation et un accompagnement pour renforcer la durabilité et la compétitivité des entrepreneurs, ainsi qu’un soutien financier par le biais d’un concours. Il prévoit également de mettre en place des services d’incubation dédiés pour ces entreprises et des structures de soutien pour créer un effet multiplicateur. En parallèle, le projet se concentre sur le renforcement des capacités des autorités publiques, facilitant un échange de bonnes pratiques pour accéder aux marchés et protéger les droits de propriété intellectuelle des PME.
L’objectif? Il s’agit de relever les défis économiques et environnementaux, tout en favorisant de nouvelles opportunités responsables et durables dans trois pays: l’Égypte, le Liban et la Tunisie.
Pendant les deux jours, l’événement barcelonais a visé principalement à soutenir les entreprises pour mieux se positionner en explorant divers sujets, notamment les recommandations politiques pour une économie régénérative, l’amélioration de l’accès au financement, le rôle du capital-risque et la promotion de l’inclusion des femmes dans le secteur financier. Des ateliers interactifs ont été organisés pour renforcer la résilience des MPME face aux défis actuels et futurs.
Dans son allocution, Rym Ayadi a insisté sur la nécessité de rendre les réglementations et les tendances du marché plus transparentes pour les MPME. Elle a également précisé l’importance de disposer de solutions de financement accessibles. Et ce, pour renforcer leur capacité de résistance. La professeure recommande la simplification des procédures administratives ainsi que l’adoption de solutions numériques pour renforcer le potentiel des MPME.
Financement durable: l’éternel obstacle
L’identification des difficultés auxquelles font face les entrepreneurs s’est faite à travers les structures d’appui, en l’occurrence la Fondation Diane (Liban), Icealex (Égypte) et Westerwelle Tunis (Tunisie), comme l’ont souligné Rym Ayadi, Roger Albinyana, directeur du département des politiques régionales méditerranéennes et du développement humain à l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), et Jihen Boutiba, secrétaire générale de BusinessMed. L’accès au financement se dresse comme l’un des principaux obstacles entravant la croissance des entreprises dans les régions examinées, à savoir l’Égypte, le Liban et la Tunisie. En fait, les banques exigent des garanties considérables, compliquant ainsi l’obtention de crédits. Malgré les efforts des organismes de soutien pour mettre en relation entrepreneurs et investisseurs, l’efficacité de l’accès au financement demeure problématique. Une autre problématique réside dans l’absence de système de notation de crédit dans ces pays. Les entrepreneurs se trouvent dans l’incapacité de démontrer leur solvabilité aux institutions financières, principalement en raison de l’absence d’une infrastructure permettant d’établir un lien fluide entre le secteur bancaire et les entreprises. C’est pourquoi les experts Rym Ayadi, Roger Albinyana, et Jihen Boutiba mettent fortement l’accent sur la nécessité impérieuse d’améliorer l’accès MPME à des informations transparentes concernant les réglementations en vigueur et les tendances du marché, tout en fournissant des solutions de financement abordables. Dans ce contexte, la simplification des procédures administratives devient indispensable, et l’adoption croissante de solutions numériques offre un potentiel significatif pour libérer le potentiel des MPME.
Par ailleurs, le manque de soutien gouvernemental se profile comme un obstacle majeur à la croissance des entreprises. Les initiatives de soutien sont fragmentées et peu efficaces, disséminées parmi différents acteurs. En outre, les entrepreneurs éprouvent des difficultés à établir des réseaux de contact, essentiels à leur croissance et à l’exploration d’opportunités de collaboration. De plus, la taille limitée du marché engendre des coûts de production élevés, principalement dus aux prix des matières premières. Les produits ciblent souvent une clientèle restreinte, haut de gamme ou de niche. S’ajoutent à cela les taux d’intérêt élevés, qu’ils proviennent des banques, du secteur privé ou de la microfinance, qui exercent une forte pression sur les entreprises, les obligeant à rembourser des montants importants. De surcroît, le manque de capitaux propres complique le recours au crowdfunding, malgré son caractère peu réglementé. Convaincre les investisseurs potentiels nécessite une approche claire, un modèle commercial solide et des services attrayants. A dire vrai, dans l’économie en constante évolution d’aujourd’hui, l’acquisition de compétences nouvelles est essentielle pour les entreprises, en particulier les MPME. Les nouvelles réalités économiques exigent une adaptation rapide aux nouveaux modèles d’entreprise, avec un accent sur des compétences technologiques, environnementales et internationales pour rester compétitif. Investir dans le développement des compétences est devenu un moteur de croissance.
L’événement de clôture du projet INVESTMED se déroulera en Tunisie au mois de novembre 2023.
Version anglaise: INVESTMED_ how to enhance the sustainability of SMEs