Un phénomène mondial bien connu, la fuite des cerveaux touche aujourd’hui autant les pays développés que ceux en voie de développement. Mais son impact n’est pas le même pour tous. La Tunisie souffre de plus en plus de la fuite des compétences, dont la majorité s’envolent vers les pays d’Europe. La question est d’autant plus préoccupante dans le contexte d’un ALECA. C’est lors du troisième panel de la 6ème édition du Tunis Forum, organisé par l’IACE, aujourd’hui même, que la question a été abordée, en présence d’experts, de chefs d’entreprises directement et de plus en plus impactés par le phénomène, et de représentants du gouvernement.
Une étude effectuée par l’IACE a révélé des chiffres effrayants ! Procédant au calcul des coûts de la formation subis par l’Etat pour former des médecins et des ingénieurs tunisiens, Mokhtar Kouki, enseignant universitaire et expert de l’IACE, a démontré que pour un parcours excluant le redoublement, ainsi que les coûts subis par la famille, un médecin spécialiste coûte à la Tunisie plus de 12 Millions de dinars. Un ingénieur coûterait 2,7 Millions de dinars !
Procédant ensuite au calcul du manque à gagner en cas de fuite à l’étranger, à travers le concept “Employee Life Time Value” (Valeur Vie d’un employé), correspondant à la somme actualisée des plus-values qu’un employé générerait pour une période de 30 années d’activité, les montants ont de quoi assommer plus d’un ! Un médecin spécialiste coûterait ainsi 20,6 Millions de dinars et un ingénieur coûterait 12,4 millions de dinars
Quid du coût total ?
En cumulant les coûts de formation et le manque à gagner en cas de départ, un médecin spécialiste coûterait en totalité à la Tunisie la maudite somme de 33,3 Millions de dinars, soit près de 11 Millions d’euros, tandis qu’un ingénieur coûterait 15,1 Millions de dinars, soit, près de 5 Millions d’euros.
Commentant ces résultats, Mokhtar Kouki se demande “Est-ce qu’on pourra maintenir la gratuité de la formation. “Ce débat est large et sensible !” souligne l’expert. “Il faudrait commencer par se demander que doit-on faire pour les faire revenir ?” ajoute l’expert.
Pour Nafaa Ennaifer, la fuite des cerveaux a un impact très grave sur la Tunisie, elle suscite un très grand désarroi du côté des opérateurs privés. Les ingénieurs ne partent pas tous pour des raisons financières, mais plutôt pour le contexte morose et l’insécurité qui s’installe en Tunisie, ils sont même souvent encouragés par leurs familles. Pour le responsable, l’une des demandes importantes qui devra être faite à l’UE dans le contexte de l’ALECA est d’exiger une augmentation des aides pour la restructuration de l’enseignement supérieur”