Souvent, la franchise d’un manager peut le rendre célèbre, surtout lorsqu’il dit à haute voix ce que la majorité absolue de ses homologues n’osent pas avouer.
C’est le cas de Chip Bergh, le dirigeant qui rejoint Levi Strauss & Co, le fabricant de la marque de jeans la plus célèbre au monde, en 2011. Dès son deuxième jour de travail, il avait fait son diagnostic: le meilleur moyen de redresser l’entreprise est de licencier plus de la moitié de ses cadres. L’outil le plus simple de changer la culture est de changer les gens. Aujourd’hui, 18 mois après sa prise de fonctions, 9 des 11 cadres qui le supportent directement dans ses fonctions ont pris la porte.
Pour lui, ce qu’il a fait était même insuffisant. Il regrette de ne pas avoir licencié les mauvaises personnes assez rapidement. Il s’est rendu compte qu’il n’a pas su tirer parti de certains grands dirigeants parce qu’il s’est accroché à quelqu’un plus longtemps qu’il le fallait.
Lorsqu’il a pris ses fonctions douze ans auparavant, l’industrie était à son pire moment. Les consommateurs n’achetaient plus de jeans Levi’s. Les performances financières étaient en dents de scie. Mais en 2017, la marque a été ramenée sous les feux de la rampe.
Pourtant, tout n’est pas rose. L’entreprise a fortement réduit ses perspectives de bénéfices pour 2023 après le ralentissement des ventes aux États-Unis. La marque tente de s’adapter à l’évolution des préférences des consommateurs, qui demandent des vêtements confortables et moins serrés. L’implantation en Asie s’accélère et elle est prometteuse.
Chip Bergh quittera son poste l’année prochaine. Il considère que son plus succès restera ses actions mises en œuvre pour secouer l’entreprise, la faire sortir de la complaisance et la construction d’une équipe avec la marque au centre de la culture.
Maintenant, la question qui se pose: combien y a-t-il de Chip Bergh en Tunisie, qui veulent changer, mais sont accablés par les syndicats? Combien de pseudo-cadres bloquent le développement des organisations, publiques et privées? Sans évoluer sur ce plan, tous les plans de développement resteront encore sur le papier.