La Turquie est entrée en 2023 dans le club des pays qui génèrent de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire, grâce à la centrale d’Akkuyu, dans la province de Mersin. Elle a été construite en collaboration avec la Russie, en utilisant la technologie la plus récente, la plus sûre et la plus propre. La centrale comporte quatre réacteurs d’une puissance installée totale de 4 800 mégawatts.
Deux autres centrales seront construites durant les douze prochaines années, et il paraît que le choix a été fait sur la Chine. La deuxième centrale nucléaire serait construite dans la province de Sinop, sur la mer Noire, et la troisième dans la région de Thrace, en Turquie européenne. Des petits réacteurs modulaires sont en phase de discussion avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Pour la Tunisie, cela signifie que l’un de ses principaux concurrents sur le marché européen vient de baisser significativement la facture énergétique pour ses industriels. Au-delà de la compétitivité par la qualité des produits, c’est au tour des coûts de production de devenir une vraie carte entre les mains de la Turquie.
Idem pour le marché local. Il serait difficile au made in Tunisia de s’imposer même si la douane applique des droits élevés. L’effet taux de change et prix est capable de battre n’importe quel fabricant local.
Le problème de l’énergie accable le pays. Il est le premier responsable du déficit budgétaire, avec une enveloppe de compensation de plus de 50 milliards de dinars depuis 2011. Le coût de la centrale turque est de 20 milliards de dollars, soit 63 milliards de dinars. Les moyens financiers existent donc, mais il faut au plus vite changer notre mix énergétique. Le Maroc et l’Egypte, deux autres concurrents de la Tunisie, ont également opté pour le nucléaire et vont monter en puissance sur l’échelle de la compétitivité. Le retard accusé va nous coûter cher sur tous les plans.