Personne ne peut nier que l’intervention de l’Etat sur le marché financier local commence à nuire sérieusement aux autres agents économiques en quête de financement. La Banque centrale, qui dispose du meilleur tableau de bord économique dans le pays, y a attiré l’attention à maintes reprises.
En même temps, les créanciers locaux sont de plus en plus exigeants côté taux. Ils refinancent la dette de l’Etat, mais pas à n’importe quel prix. Ces établissements, qu’ils soient des banques, des compagnies d’assurances ou des véhicules de placements collectifs, doivent rémunérer des actionnaires qui, eux aussi, veulent un rendement qui se rapproche de l’inflation.
In fine, le souverain paie de plus en plus cher le coût de sa politique. Fin juin 2022, le taux moyen des adjudications de bons du Trésor non encore échus (toutes échéances confondues) a atteint un nouveau sommet à 8,400%. Par maturité, celle à 7 ans est toujours la plus onéreuse, avec un taux moyen de 9,024%. Aucune maturité n’affiche un taux moyen inférieur à 8,000%, une première dans l’histoire de la dette locale.
A titre de comparaison, en décembre 2010, la moyenne globale était à 6,216%. Une différence qui peut paraître soutenable à première vue, mais il faut penser l’appliquer sur le volume. L’encours des bons du Trésor est passé de 5 848 MTND en 2010 à plus de 24 046 MTND en juin 2023. Dans la loi de finances 2023, l’intérêt de la dette interne, y compris les obligations nationales, s’élève à 2 273 MTND.
Ce sont les encaissements générés plus tard qui allégeront le coût effectif supporté par l’Etat. Les banques et les assureurs, qui détiennent l’essentiel de ces titres, vont dégager plus de bénéfices et donc payer plus d’impôts. La BCT, qui refinance davantage les établissements de crédit, va réaliser plus de bénéfices et verser plus de dividendes. Ce n’est pas un jeu parfaitement à somme nulle, mais il permet à tous les participants de sortir gagnants, pour le moment.