La dynamique haussière des prix du gaz naturel en Europe est toujours d’actualité. Bien que nous soyons en été, les contrats à terme ont fait un bond de près de 40% au cours de cette semaine. Le prix mégawattheure avait atteint mercredi dernier un pic intra-journalier de plus de 43 euros. Aux États-Unis, les contrats à terme sur le gaz pour livraison en septembre sur le New York Mercantile Exchange ont suivi cette tendance, augmentant de près de 7%.
Les inquiétudes proviennent cette fois d’une éventuelle perturbation de l’approvisionnement en Australie, où des grèves sont prévues dans les principales usines (Chevron et Woodside Energy) de production de gaz naturel liquéfié. Les employés réclament des revalorisations salariales et de meilleures conditions de sécurité dans leurs emplois.
Si ces grèves se reproduisent réellement, près de la moitié de la capacité d’exportation de GNL australien sera touchée de plein fouet. Les acheteurs asiatiques vont donc se diriger vers d’autres exportateurs pour s’approvisionner. Durant les six premiers mois de l’année, la Chine et le Japon ont acheté 26 millions de tonnes métriques de GNL auprès de l’Australie, le plus grand exportateur de GNL devant le Qatar et les États-Unis.
Pour l’Europe, la flambée des prix du gaz survient alors que les 27 pays continuent à se sevrer des exportations de combustibles fossiles russes à la suite de l’invasion massive de l’Ukraine par le Kremlin. D’importants accords gaziers avec d’autres pays, comme le Kazakhstan et l’Algérie, ont été signés, mais le risque d’une nouvelle pénurie et d’un retour à l’obligation d’acheter au comptant comme en 2022 fait trembler les marchés.
Cette situation a un effet plutôt négatif pour la Tunisie. D’une part, les recettes du gazoduc algérien devraient bénéficier de cette tendance. Elles sont déjà estimées à 1 884 MTND pour 2023 et 985,2 MTND ont été déjà encaissés jusqu’à fin mai. D’autre part, cela signifie un poids supplémentaire sur la compensation des carburants. La bouteille de gaz, vendue à 8,800 TND l’unité, coûte réellement 42 TND. C’est donc une autre source de pression sur les finances publiques tunisiennes.