Le Groupe de la Banque mondiale a actualisé, comme chaque 1er juillet, la répartition des économies du monde. Il existe quatre groupes: faible revenu (≤ 1 135 dollars), revenu intermédiaire de la tranche inférieure (entre 1 136 et 4 465 dollars), revenu intermédiaire de la tranche supérieure (entre 4 466 et 13 845 dollars) et revenu élevé (> 13 845 dollars). Ce classement se base sur le Revenu national brut (RNB) de l’année précédente.
Globalement, la classification a considérablement évolué depuis la fin des années 1980. En 1987, 30% des pays étaient classés dans la catégorie des économies à faible revenu, contre 12% seulement en 2022. Toutefois, l’ascension vers des catégories de revenu supérieures présente de fortes disparités régionales: la proportion de pays à faible revenu est ainsi passée de 74 à 46% pour l’Afrique subsaharienne, de 26 à 3% seulement pour l’Asie de l’Est-Pacifique, et de 100 à 13% en Asie du Sud.
Pour 2024, et compte tenu de la poursuite du redémarrage des économies après la pandémie, la quasi-totalité des pays qui ont changé de groupe de revenu en 2022 se sont hissés à une catégorie supérieure. Environ 80% des pays ont enregistré une amélioration de leur RNB par habitant par rapport à la période pré-Covid (2019).
Le Guyana et les Samoa américaines sont passés de la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur à celle des économies à revenu élevé. Au Guyana, la forte augmentation du RNB par habitant s’explique par la hausse du volume de la production de pétrole et de gaz, qui a plus que doublé en 2022, encore amplifiée par les prix élevés des hydrocarbures. En dépit d’une augmentation importante des flux de revenus primaires sortants, le RNB du Guyana a bondi de 86,2% en termes nominaux, ce qui a entraîné une progression de 60% du RNB par habitant. Dans les Samoa américaines, la progression du RNB par habitant est principalement due à une révision à la baisse substantielle (-18,3%) des estimations du nombre d’habitants réalisées par la Division de la population des Nations unies à partir des données du recensement de 2020.
Au Salvador, en Indonésie et en Cisjordanie-Gaza, le RNB en 2021 était déjà très proche du seuil de revenu intermédiaire supérieur, ce qui a permis à ces économies de se hisser cette année dans cette catégorie malgré une croissance modeste de leur PIB en 2022.
La Guinée et la Zambie sont toutes deux passées de la catégorie des pays à faible revenu à celle des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Malgré l’instabilité politique et les ruptures d’approvisionnement dans l’agriculture, l’économie guinéenne a progressé de 4,7% en 2022, à la faveur des bonnes performances du secteur minier. La croissance économique de la Zambie a atteint 4,7% en 2022, ce qui, conjugué à une inflation de 8,6%, s’est traduit en termes nominaux par une augmentation de 17,7% du RNB.
La Jordanie est le seul pays à avoir été rétrogradé cette année, de la catégorie intermédiaire supérieure à inférieure, en raison d’une importante révision à la hausse (+8,6%) des estimations démographiques publiées par la Division de la population des Nations unies et tenant compte des données du dernier recensement de la population.
Pour la Tunisie, elle a gardé son classement actuel parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, puisque son RNB par habitant s’élève à 3 840 dollars. Nous avons besoin d’une croissance de 16,3% pour accéder à la tranche supérieure. Au vu de la situation actuelle, c’est déjà un exploit de rester là où nous sommes.