C’est une tribune où le président Emmanuel Macron, très ‘pro-business’, défend l’importance de l’investissement international pour soutenir la croissance, l’innovation et l’emploi partout dans le monde. Tel était l’enjeu de la 6e édition du sommet Choose France, devenu depuis 5 ans un rendez-vous dédié à l’attractivité de la France, sur le thème «Investir dans un avenir durable» et qui s’est tenue au château mythique de Versailles le 15 mai.
Macron: «Nous avons désindustrialisé plus que les autres et c’est une situation d’impasse»
Réunissant le 15 mai la fine fleur de l’industrie française, les élus, les représentants de collectivités et associations à l’occasion du sommet, le président Macron a insisté sur le fait que l’industrie est un pilier essentiel de l’économie pour assurer l’indépendance et la souveraineté de la France.
Pour lui, l’enjeu est tout à fait clair: «L’industrie a un rôle structurant économiquement et territorialement. Ce sont plutôt de bons emplois, des emplois mieux payés que d’autres. Et donc ça tire, si je puis dire, le reste de l’économie vers de bons emplois. Donc quand on désindustrialise, on en souffre encore davantage».
Evoquant la perte d’environ 600 usines, il confesse: «Oui, nous avons plus désindustrialisé que les autres, ce qui nous place dans une situation d’impasse. D’abord parce que cela veut dire qu’on crée des dépendances. La deuxième chose, c’est qu’on ne peut pas avoir un modèle social fort en désindustrialisant». Une mise en perspective où il insiste sur un défi jumeau: le changement climatique et la protection de la biodiversité: «Si l’on veut le relever de manière cohérente, nous devons avoir un mode de production dans notre industrie, notre agriculture, notre industrie agroalimentaire qui permette de réduire nos émissions et d’être plus respectueux de la biodiversité. Tout en étant cohérent dans notre stratégie d’importation pour ne pas créer des dépendances nouvelles qui vont encourager la déforestation à l’autre bout du monde».
Selon Macron, la réindustrialisation est le seul moyen de redonner des projets et des emplois partout dans le pays. C’est la clé pour créer de bons emplois et donc donner des perspectives aux classes moyennes, parce que c’est ce qui permettra le progrès pour ces générations et leurs enfants.
Rassembler les esprits d’affaires
Expliquant ces enjeux, Victoire Vandeville, conseiller du président sur les politiques export et commerciales, annonce lors du point de presse consacré à l’événement au palais de l’Elysée: «Cet événement créé par le président Emmanuel Macron en 2017 a le but de rassembler les esprits d’affaires étrangers; une occasion de rencontrer les acteurs publics et les patrons français».
Selon elle, la France offre un exemple de stratégie de compétitivité avec une réduction progressive de l’impôt sur les sociétés (de 33 à 25%), un impôt forfaitaire unique de 30% sur le capital revenu, des taxes à la production revues à la baisse, une simplification des formalités administratives pour les entreprises, la
modernisation du marché du travail, une réforme du système d’assurance-chômage… Ce qui a fait de la France le pays le plus attractif d’Europe en 2019 et y a favorisé plus de 1 250 investissements en 2022; malgré le post-Covid, l’Inflation Reduction Act aux USA, la guerre en Ukraine, la hausse du prix de l’électricité…
Marketing de réindustrialisation de la France
«Le Sommet Choose France se déroule dans un contexte où le président met beaucoup de pression sur la stratégie de réindustrialisation de la France dans un climat d’accélération du changement climatique et d’accélération du changement technologique», soutient Matthieu Landon, conseiller du président sur l’industrie, la recherche, l’innovation et la digitalisation.
Le plan de relance France 2030, de niveau européen, vise à investir dans la technologie des batteries, l’hydrogène, l’IA et toutes les technologies du futur. Et là, Macron présentera de nouvelles mesures concrètes:
– Diviser par deux le temps qu’il faut pour les procédures d’implantation, de construction et d’autorisation de nouvelles usines
– De nouvelles facilités de financement inspirées par le nouveau règlement européen
– Des subventions publiques
– Des sites industriels prêts à l’emploi…
Semi-conducteurs, hydrogène, batteries, nucléaire, quantique…
Beaucoup de questions ont été posées lors du point de presse sur la collaboration France-Taïwan dans l’industrie des semi-conducteurs et de la défense, la coopération avec des entreprises indiennes dans le domaine des semi-conducteurs et de la défense, le positionnement de la France dans la chaîne mondiale de valeur…
Victoire Vandeville et Matthieu Landon répondent que l’industrie des semi-conducteurs est l’une des priorités absolues de la réindustrialisation de la France, car elle est essentielle pour toutes les industries et en particulier pour décarboner l’industrie; le but étant de doubler la capacité française de production (20% de parts de marché dans l’UE). Ils citent la société française STMicroelectronics et l’américaine GlobalFoundries qui se sont associées pour doubler la taille du site de production de STMicro à Grenoble. Dans l’hydrogène, la France fait partie des pays leaders (construction de giga-usines d’électrolyseurs et d’unités d’assemblage de composants pour l’hydrogène et dans les technologies émergentes). Il y a aussi des projets sur le quantique et le nucléaire (avec un vaste programme de gros réacteurs et de petits réacteurs modulaires).
Ce qui amène le débat sur les chaînes de valeur; et là, Matthieu Landon parle de souveraineté: «Nous avons commencé depuis 6 ans et nous accélérons notre positionnement dans la chaîne de valeur, dans le cadre du plan France 2030. Dans l’industrie automobile, la France était totalement dépendante en matière de véhicules électriques mais nous avons maintenant trois giga-usines de batteries et nous devrions être autonomes dans leur production en 2027. Nous ramenons des véhicules électriques à assembler en France avec 15 véhicules différents qui peuvent être construits et nous avons sécurisé 1 million de véhicules à produire. Nous reconstruisons notre souveraineté».
Le dernier mot de Macron
Récapitulant encore une fois les enjeux du Sommet Choose France, le président Macron décrit l’horizon à venir: «La bataille pour la réindustrialisation est clé sur le plan économique, est clé sur le plan géopolitique, est clé sur le plan politique et sur l’unité de la nation. Il nous faut plus de travail, plus de capital, plus de progrès technique, avec une finalité derrière tout ça: avoir une vraie réponse au climat et à la biodiversité, plus de bons emplois pour nos compatriotes et plus d’indépendance pour notre nation dans un monde géopolitique incertain. Ce cap est possible si nous avons de la constance, de l’ambition et de la mobilisation collective».
Rappelons que le Sommet Choose France, qui a été instauré par le président Emmanuel Macron en 2017, vise à présenter et expliquer aux grandes entreprises internationales les réformes menées pour favoriser l’activité économique en France, soulignant l’importance des investissements internationaux pour soutenir la croissance, l’innovation et l’emploi partout en France.
Parmi ses résultats: 6 910 projets d’investissements étrangers en France sur la période 2017 à 2021; 182 900 emplois maintenus ou créés pour les Français de 2017 à 2021, partout en France; et la France reste le pays le plus attractif pour les investissements étrangers pour la troisième année consécutive.