Selon les derniers chiffres de l’INS, la Tunisie a importé du tabac fabriqué pour 297 MTND jusqu’à fin novembre 2022, une hausse de 5,7% en rythme annuel. La consommation des marques étrangères de tabac continue donc à progresser, en dépit d’un pouvoir d’achat effrité. Il faudra bien évidemment tenir compte d’un effet change, mais il est rare de voir un fumeur renoncer à sa clope même si ça lui coûte plus cher.
La production nationale est assurée, en partie, par la Manufacture des tabacs de Kairouan (MTK) qui a fabriqué 158 millions de paquets en 2021 (contre 193 millions en 2019). La tendance baissière est expliquée par les conséquences du confinement de 2020. A cela, il faut ajouter la production de la RNTA, estimée à 309 millions de paquets en 2021.
Les ventes de tabac, toutes marques confondues, se sont élevées à 471,5 millions de paquets en 2021, contre 538,8 millions en 2019. En valeur, cela a permis à la RNTA de réaliser des revenus de 522,4 MTND. L’amélioration du chiffre d’affaires, conjuguée à la maîtrise des charges d’exploitation (une compression de 60,8 MTND en deux ans), a contribué à faire basculer les résultats en territoire positif, de 83,8 MTND en 2021. Idem pour la MTK qui a vu son bottom line atteindre 26,5 MTND.
Toutefois, elles ont toujours des résultats reportés négatifs (-391 MTND pour la RNTA et -260,2 MTND pour la MTK). Les fonds propres sont dans le rouge, respectivement de -227,6 MTND et -200,8 MTND.
Les difficultés de liquidités ont poussé ces sociétés à accumuler des dettes importantes, de 589,8 MTND pour la RNTA et de 426,6 MTND pour la MTK. L’essentiel est envers l’Etat (51,6%), les fournisseurs (41%) et les banques (2,3%).
La consommation réelle des Tunisiens dépasse de loin ces chiffres et la taille du marché parallèle est importante. Il faudra donc investir dans la production de cigarettes de qualité et à prix compétitifs. Sur 2019-2021, les investissements entrepris dans les deux sociétés n’ont pas dépassé 81,7 MTND. Si elles avaient une marge de manœuvre, elles auraient dû investir davantage et gagner de nouvelles parts de marché. La demande est installée, il suffit de booster l’offre.
Ce type d’entreprises publiques, qui peuvent être durablement rentables, peuvent faire l’objet d’une restructuration financière, avec bien évidemment une nouvelle gouvernance. Avec tous les problèmes actuels, elles affichent un gain. Ouvrir une partie de leur capital à un partenaire technique et/ou financier ne fera aucun mal à toutes les parties prenantes. Les retombées sont immédiates, avec du cash, des recettes fiscales et même un dividende au bout de quelques années.