Créée en 2011, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) est rapidement devenue un acteur majeur dans le financement de l’économie nationale. En même temps, elle est bien une machine à bénéfices qui verse un dividende à l’Etat. Ce dernier a mis à disposition un trésor de guerre: elle peut compter sur des ressources de 7 251 MTND de dépôts et de 1 346 MTND de consignations, des sommes dont seule une minorité d’investisseurs dispose en Tunisie.
Soutien important aux PME
En dépit de sa taille, la CDC ne semble pas imposer un ticket minimum élevé. Elle reste une structure ouverte aux différents porteurs d’idées créatrices de valeur. Elle finance ainsi les PME, les startups et les projets innovants qui peuvent apporter de la valeur ajoutée aux objectifs nationaux de transition énergétique, de digitalisation, d’investissement régional et de promotion du partenariat public-privé. Dans ce cadre, la CDC a contribué à 24 Fonds communs de placement à risque locaux pour un montant de 185 MTND, dont 147 MTND libérés, et trois fonds internationaux pour 15 M€ et 10 M€, dont respectivement 13 et 1,6 M€ libérés. Chaque dinar investi par les fonds partenaires locaux est multiplié par une moyenne de 5,42 en termes d’investissement, et chaque dinar investi par la CDC dans les fonds partenaires internationaux est multiplié par 14,7. La Caisse dispose de 161 investissements et a contribué à créer et/ou maintenir 17 000 emplois, dont 5 110 pour les femmes et 1 756 dans les zones de développement régional. Le nombre d’emplois des jeunes dépasse les 4 008 (dont 1251 dans les zones de développement régional). Le nombre d’emplois des diplômés de l’enseignement supérieur est d’environ 3 200 (dont 736 dans les zones de développement régional). La CDC a également une ligne Mezzanine qui a permis d’investir 25,6 MTND sous forme d’obligations convertibles en actions, et ce, dans 14 entreprises. La Ligne a également libéré 20,8 MTND au profit de 6 Sicar régionales et qui ont été injectés dans 23 projets.
Catalyseur du marché financier
Grâce à sa trésorerie confortable, la CDC intervient aussi sur le marché financier. Elle a ainsi souscrit dans les emprunts obligataires à hauteur de 40,3 MTND en 2021, soit 7,1% du volume du marché primaire, outre 22 MTND investis dans l’emprunt national. L’encours souscrit arrêté au 31 décembre 2021 s’élève à 200,08 MTND, réparti entre 10,5% pour l’Etat, 57,5% pour le secteur bancaire, 25,23% pour le secteur du leasing et 6,76% pour les institutions de microfinance. Cela encourage les entreprises à aller chercher des fonds sur ce compartiment de la Bourse et à faire appel public à l’épargne. La Caisse participe aussi dans 9 Fonds communs de placement pour 24,9 MTND (une part de marché de 3,4%). Son portefeuille d’investissement comporte 15 entreprises cotées pour des investissements de 3,4 MTND. Sur le marché de la pension livrée, la CDC dispose d’un encours de 160,499 MTND, avec un rendement annuel moyen de 7,4% sur les 96 opérations réalisées en 2021.
Au-delà de la recherche d’un rendement, la CDC joue un rôle d’exemple pour les autres investisseurs institutionnels afin qu’ils mettent davantage de ressources à la disposition des entrepreneurs et pour rationaliser le comportement des épargnants particuliers. En basant ses décisions d’investissement sur une approche fondamentale, elle incite les Sociétés de gestion et les intermédiaires en Bourse à revoir leurs modes de gestion et à privilégier l’investissement sur le long terme.
Résilience financière
La CDC a clôturé l’exercice 2021 avec un cumul de fonds propres de 428,8 MTND et un résultat net de 50,3 MTND. Le ratio de solvabilité de la CDC est de 33,7% fin 2021. En termes de liquidité, elle dispose d’un montant d’actifs liquides qui représente 1,59x les sorties de trésorerie sur les 30 jours calendaires suivants. Cela a permis à la Caisse d’obtenir la certification dédiée à la qualité financière MSI 20000. Grâce à cette solidité, la CDC a pu prendre ses responsabilités lors de la crise Covid-19 et s’est montrée très réactive en initiant plusieurs actions et mécanismes, dans le but d’apporter son soutien et son appui au tissu économique tunisien.
Investisseur responsable
La performance financière n’est pas le premier souci de la CDC qui cherche à être profitable, mais en respectant les règles du développement durable. Ainsi, la CDC est le premier établissement public en Tunisie labellisé RSE. Elle est également la première institution financière à l’échelle mondiale à mettre en place un système de gestion environnementale et sociale conforme au nouveau Cadre environnemental et social de la Banque mondiale, et ce, dans le cadre du projet d’appui aux startups innovantes et PME technologiques. Le modèle d’étude des opportunités d’investissement instauré au sein de la CDC est fondé sur l’examen de l’éligibilité des impacts financiers et extra-financiers, tout en tenant compte des dimensions environnementale et sociale. Nous sommes donc devant un établissement public performant et à la page. Il peut servir d’exemple pour le reste des entités sous l’égide de l’Etat. Il est vrai qu’en termes de puissance financière, la CDC a plein d’avantages, mais c’est la qualité de gouvernance rarement trouvée en Tunisie qui est en train de faire la différence.