La Bourse de Tunis a basculé en territoire négatif hier, avec un rendement annuel du Tunindex désormais à -0,48%. L’indice joue sérieusement ses 8 000 points.
Ce sont les banques qui ont mené cette tendance, surtout après la dégradation de la notation souveraine par Moody’s et les cris d’alarme des analystes qui craignent le passage par le Club de Paris. Depuis le début du mois, les banques ont perdu 4,32%, qui pèsent plus de 200 points de base dans la contre-performance de l’indice. Les investisseurs semblent, enfin, considérer la dimension risque dans la valorisation des financières. Des revenus de portefeuilles titres élevés, qui ont longtemps plu aux épargnants, sont maintenant considérés comme étant la première source d’inquiétude. Ce qui est sûr, c’est qu’un arrangement pour la dette tunisienne, par le biais du Club de Paris ou autre, signifie une décote significative de la valeur des bons du Trésor dans les bilans des banques. De plus, il y aura mécaniquement une restructuration de cette dette, une révision à la baisse des coupons et des perturbations dans la gestion actif-passif. Cette peur concerne aussi les assureurs (-2,39% depuis le début de l’année), autres grands investisseurs en titres souverains.
Les établissements de crédit étaient, jusqu’à quelques semaines, un placement sûr avec des attentes de résultats record. Aujourd’hui, les voilà à côté des autres sociétés opérant dans d’autres secteurs et qui souffrent d’un contexte macroéconomique peu favorable. Cela est reflété dans les indices des Services aux consommateurs (-4,29%), de la Distribution (-4,29%), et des Produits ménagers et de Soin personnel (-3,40%). Bien qu’il y ait plus de revenus grâce à un effet prix, la hausse des charges opérationnelles constitue la première source d’anxiété. Les indicateurs d’activité récemment publiés ont été globalement positifs, mais ils n’ont pas convaincu qu’ils peuvent se transformer en autant de bénéfices.
Les industries ont également pâti, avec une perte de 2,26% depuis le début de l’année. Elles seront les premières victimes de la hausse des prix des carburants et des matières premières, et de la remontée des taux d’intérêt au vu de leur surendettement.
De leur côté, les Bâtiments et Matériaux de construction ont baissé de 4,73%, conséquence logique d’un secteur BTP en panne. L’immobilier ne parvient plus à vendre et les projets de travaux publics piétinent avec les difficultés des finances publiques.
Seuls les Services financiers, donc les compagnies de leasing et les sociétés de gestion d’actifs, parviennent à s’en sortir. Ces sociétés partagent le point d’avoir de belles perspectives de dividendes cette année et un bon yield par rapport aux valorisations actuelles. Pour les compagnies de leasing, elles n’ont pas d’expositions aux bons du Trésor et leur situation s’est nettement améliorée ces dernières années. Elles ont réduit significativement leurs risques de contrepartie et leur endettement envers le système financier. Mais attention, une crise ne va pas les épargner et elles seront nécessairement touchées.
Ce sentiment de peur va accompagner, encore pour des mois, les investisseurs en Bourse. Les valorisations devraient baisser, et c’est le moment ou jamais pour du stock picking. C’est au fond des puits que naissent les plus belles fleurs.