Rôle des institutions financières, banques et assurances, dans l’accompagnement des opérateurs économiques tunisiens en Afrique
Par Hamza Marzouk
Sous le signe des débats, analyses et autres échanges fructueux, le séminaire d’Attijari Bank, intitulé “Rôle des institutions financières, Banques et Assurances, dans l’accompagnement des opérateurs économiques tunisiens en Afrique”, s’est tenu au siège de la banque.
Organisé par Attijari Bank et l’ONG Tunisia-Africa Business Council (TABC), le séminaire a pu soulever plusieurs problématiques essentielles à l’instar de : l’accès au financement, l’Afrique comme potentiel d’investissement et l’accompagnement des entreprises tunisiennes pour la conquête du marché africain. De même, la date de l’événement ne doit rien au hasard puisqu’elle coïncide avec la Journée internationale de l’Afrique.
Quand un homme d’affaires s’arme de sciences économiques
Prenant la parole, Bassem Loukil a pris soin de présenter TABC à l’auditoire. Ainsi, d’après l’intervenant, TABC est “une ONG fondée par des opérateurs économiques tunisiens et personnalités tunisiennes qui ont l’Afrique dans le sang”. Ainsi, TABC ambitionne de placer le continent africain au cœur des priorités du gouvernement tunisien, mais aussi au cœur des priorités des différents acteurs économiques et d’œuvrer à réaliser un travail de rapprochement entre les différents pays du continent africain.
Mais comment réaliser de tels objectifs? L’intervenant a expliqué que ces objectifs sont réalisables, et ce, à travers l’amélioration de la visibilité du site Tunisie ainsi que la mise en place de politiques gouvernementales capables de faciliter et d’améliorer l’accès au marché africain. Et quant au niveau juridique, l’homme d’affaires a souligné l’importance d’un meilleur cadre juridique, ce qui pourrait mieux orienter les entrepreneurs cherchant des opportunités en Afrique. L’ONG TABC ne manquera pas de leur fournir des informations sur le contexte économique du pays ciblé avec un accompagnement personnalisé.
Etudes, déjeuners-débats, deux missions d’affaires fructueuses — Mali et Cameroun-, prochaine mission destination Burkina Faso, tel est le bilan de TABC. En vue de faciliter la tâche à nos entrepreneurs, l’ONG a mis en place en appoint un think tank chargé d’assurer la veille économique et financière.
Revenant sur le thème du séminaire, Bassem Loukil a regretté l’absence des banques tunisiennes sur le continent africain, facteur qui selon lui présente une entrave de taille pour les entreprises et les entrepreneurs tunisiens. Raison pour laquelle il a incité les banques à suivre l’exemple d’Attijari Bank.
Bien avant de céder la parole à Taoufik Rajhi, l’interlocuteur a souligné l’importance de l’assurance dans ce contexte et la réglementation des changes dans d’autres pays africains qui pourrait pénaliser l’entreprise, tout en indiquant que c’est le rôle de la Banque centrale de la faire évoluer.
L’Afrique est aussi l’affaire du gouvernement tunisien
Taoufik Rajhi, ministre-conseiller auprès du Chef du Gouvernement, chargé du suivi des réformes majeures, présent à la cérémonie, a souligné l’importance du sujet du séminaire. Ainsi, il a considéré que l’Afrique demeure une opportunité pour la Tunisie et cela a été pris en considération dans le plan de développement quinquennal, indique-t-il.
Pour appuyer ses propos, Taoufik Rajhi a rappelé que le taux moyen de croissance en Afrique est de l’ordre de 5%, l’inflation est maîtrisée et le taux de l’endettement en Afrique ne dépasse guère les 50%. La classe moyenne en Afrique est sur la voie d’une augmentation importante. Quant à la population, il s’agit d’un continent peuplé d’un milliard d’habitants, dont le nombre est prévu de doubler, pour passer à deux milliards d’habitants.
Pour toutes ces raisons, l’Afrique a sa place dans le plan de développement quinquennal. Ainsi ce plan prône une volonté d’ouverture de l’économie tunisienne sur l’Afrique indique-t-il; et de préciser l’appui du gouvernement à toutes les initiatives tunisiennes en Afrique. Au passage, il a salué le rôle d’Attijari Bank et de TABC dans l’accompagnement des entreprises tunisiennes et marocaines en Afrique.
Par ailleurs, le ministre a indiqué que l’installation d’une entreprise tunisienne en Afrique nécessite de l’accompagnement. Revenant sur le rôle des banques en matière d’accompagnement, Taoufik Rajhi a indiqué qu’en 2014, les banques en Afrique ont généré plus que 1700 milliards d’actif. Et de regretter l’absence de banques tunisiennes sur l’Afrique. Dans ce cadre, il s’est référé à la l’accompagnement fait par la Société général en Afrique pour les entreprises, grâce à l’existence de ces banques dans les régions. Par la même occasion, il a indiqué qu’Attijari Bank joue un rôle très important. Sur un autre volet, il a indiqué la nécessité de trouver un bon partenaire d’affaires pour une bonne installation en Afrique, une bonne imprégnation de la culture du pays africain choisi et de bons experts locaux.
Détrompez-vous et dites adieu aux clichés
Dans le rôle de modérateur et d’intervenant tout à la fois, l’ancien ministre des Finances, Jalloul Ayed, a indiqué que la nouvelle génération d’Africains s’est débarrassée des entraves du passé de l’époque coloniale de leurs pays et qu’on assiste à l’émergence d’une nouvelle génération d’hommes d’affaires africains. Dans le même contexte, il a rappelé que le capital minimum pour ouvrir une banque en Afrique est de 20 millions de dollars, ce qui n’est pas accessible à tous les hommes d’affaires. Enfin, Jalloul Ayed a avancé que la création d’une banque islamique en Afrique est une opportunité à saisir, notamment à cause du potentiel et du nombre de musulmans peuplant le continent africain.
Le directeur général d’Attijari Bank, Hicham Seffa, quant à lui, est revenu sur l’expérience réussie d’Attijari Bank. Ainsi la banque fournit accompagnement et financement aux entreprises. S’ajoute à cela qu’il s’agit d’un accompagnement personnalisé et factuel à la fois. Répondant à une question qui porte sur l’internationalisation, il a indiqué qu’il n’est pas possible pour une entreprise de déployer ses ailes et de se lancer vers l’étranger si elle n’a pas pu réaliser une croissance dans son pays. Pour affirmer ses propos, le directeur général a rappelé que les banques marocaines, quand elles ont pris la décision de se lancer vers l’Afrique, avaient déjà réalisé une croissance importante au Maroc.
L’assurance est un bon compagnon de route vers l’Afrique.
Revenant sur le rôle de son établissement dans la promotion de l’exportation, Souheïla Chabchoub, PDG de la COTUNACE, a déclaré que 46% des assurances à l’exportation sont dédiés à l’Afrique. Cela alors que les réassureurs ne l’appuient pas, souligne-t-elle. Et d’expliquer que cet exploit a été rendu possible grâce à l’intervention du Fonds de garantie des exportations.
Faiza Feki, Directrice générale des opérations de change à la Banque centrale de Tunisie, a estimé qu’il faut regarder la moitié pleine du verre. Ainsi, Madame Faiza Feki a déclaré lors du panel que d’autres améliorations auront lieu dès que les indices économiques s’amélioreront. Elle a indiqué qu’il existe plusieurs opérations de change en Tunisie qui nécessitent une autorisation et d’autres qui ne le nécessitent pas. Ainsi, elle a indiqué que la Banque centrale a décidé de faire une refonte générale de la réglementation des changes, sans pour autant impacté le code des changes.
Elle a indiqué que de nouvelles mesures seront mises en place avant la fin de 2016, pour les investissements à l’étranger :
- Libéralisation de tous les paiements liés à l’exécution par les entreprises résidentes de travaux, d’études, de suivi et autres services conclus avec des maîtres d’oeuvre étrangers;
- Relèvement des plafonds transférables au titre d’allocations pour voyages d’affaires et élargissement de la liste des activités éligibles au bénéfice de ces allocations, avec relèvement de l’allocation destinée aux promoteurs de nouveaux projets (de 15000 D à 50.000D).
En ce qui concerne les mesures visant l’internationalisation des entreprises tunisiennes, il est envisagé de relever les plafonds de l’investissement à l’étranger, en permettant à toute entreprise de transférer jusqu’à 25% de ses fonds propres constitués en Tunisie; celles parmi elles qui s’adonnent à l’export pourront en plus imputer annuellement sur leurs comptes professionnels trois millions de dinars.
Par ailleurs, des mesures d’accompagnement des investissements à l’étranger consisteront à habiliter des banques résidentes à émettre :
- Des engagements par signature à titre de couverture des crédits de gestion en faveur des filiales des Société résidentes implantées à l’étranger et en faveur des sociétés non-résidentes établies en Tunisie;
- Des garanties bancaires exigées des entreprises résidentes par les prestataires de services non-résidents.