Par Mounir Zalila
Qui est le plus beau, le meilleur, l’imbattable qui n’a de leçons à recevoir de personne… C’est le moi!
Combien de telles déclarations n’ont-elles pas été livrées au sein même de notre propre société alors que ce moi n’a pas toujours les moyens de soutenir ses prétentions ?
Il est acquis, voire certain, que l’humilité fait largement défaut chez la majorité de nos concitoyens.
Voyons voir pourquoi ce constat !
Dans ce bas-monde nous évoluons parmi plusieurs sociétés de divers pays. Il y a celles qui avancent à force de labeur, de persévérance, d’effort soutenu et celles qui se laissent vivre, qui évoluent au gré du temps, sans rigueur aucune.
Nous appartenons, hélas, à cette seconde catégorie et cela ne semble ni chagriner ni même préoccuper les différentes composantes de notre société.
Pour preuve : à la parution de cette livraison nous serons en plein farniente, Ramadhan oblige. Rassurons-nous, nous aurons, par la suite, près de deux mois de farniente en bonus pour récupérer du mois saint.
Mais plus dur sera le réveil avec un portefeuille bien soulagé par le mois supposé être celui de l’abstinence et par la belle vie menée durant la période estivale. La rentrée des classes va prendre alors la relève avec son train d’achats de fournitures à raison d’une bonne quinzaine de kilos par élève, jugée au poids du cartable, un autre fardeau désormais monté sur roulettes car impossible à porter sur le dos de nos chérubins.
Néanmoins, nous demeurons les meilleurs, nous savons comment vivre nettement au dessus de nos moyens, quitte à revendiquer, par la suite, des ajustements de salaires. Histoire de pouvoir joindre les deux bouts sans, bien entendu, aucune contrepartie ni d’effort ni d’assiduité. Quant à la productivité n’en parlons pas, ou plutôt n’en parlons plus: c’est là une hérésie d’économistes qui ne prend pas en considération le moi d’abord. Celui qui sait tout, qui comprend tout et qui donne des leçons en refusant d’en recevoir.
C’est ce moi haïssable de Blaise Pascal qui se trouve en chacun de nous qui ne cherche qu’à abuser l’autre, dans un ensemble fait de débrouillardises qui poussent, à travers différentes manifestation ou comportements, à paraître plutôt qu’à être !
Au final ce moi finit par se trouver proprement piégé par lui-même, dès lors que profondément ancré, l’individu n’arrive plus à distinguer le vrai du faux, le réel du superficiel et, pis encore, l’intérieur de l’extérieur. Seul le moi compte! Il est le meilleur à force d’opposer cette philosophie humaniste, du “je suis parce que nous sommes”, basée sur une éthique de solidarité et construite sur la relation à l’autre; à ce nombrilisme pharaonique du “nous-sommes parce que je suis”!
Triste réalité du désordre sociétal au sein duquel nous sommes condamnés à évoluer pour, encore, quelque temps tellement ce moi, tellement ce chacun pour soi ont pris le dessus sur toute autre considération, du devoir de chacun et de l’obligation qui est faite d’évoluer dans le respect de l’autre et de préparer le terrain pour les générations à venir.
Une société où, finalement, le moi abuse autrui en s’abusant lui-même.
Et si, d’aventure, quelqu’un se hasardait à faire un reproche, inéluctablement il lui sera répondu, avec Blaise Pascal, que le nombrilisme est la chose la mieux partagée au monde.