MED RH 2016
Dans un contexte politico-économique instable, aussi bien à l’échelle mondiale que régionale et locale, l’entreprise tunisienne se trouve face à de nouveaux challenges d’ordre humain. L’employé ne se contente plus du “basique” et exige des conditions favorables pour travailler et produire de la valeur ajoutée. Pour les millenials, un travail est beaucoup plus qu’un poste et un salaire et cherchent à être constamment motivés.
Entre l’enclume économique et le marteau des ressources humaines, l’entreprise tunisienne est-elle en mesure, aujourd’hui, de suivre les tendances RH et de les appliquer de façon à maximiser sa rentabilité … et assurer sa survie ?
Pour essayer de répondre à cette question, Innovation Business Network (IBN), le projet BRCP de l’USAID ont organisé, en partenariat avec l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES), le salon méditerranéen des ressources humaines, MED RH. Au menu : des panels, des workshops et des rencontres avec la présence de plusieurs intervenants du monde du RH.
La lumière au bout du tunnel
Dans son allocution lors de la session inaugurale, Hatem Ben Salem ancien ministre de l’éducation (2008–2011) et directeur général de l’ITES a déploré la situation actuelle : “Les ressources humaines étaient, pendant de longues années, la vraie richesse de notre pays. Mais, je suis triste aujourd’hui de dire que ce n’est malheureusement plus le cas. Nous sommes en train de vivre une période de baisse de niveau de nos ressources humaines qui est due essentiellement aux échecs de nos politiques d’éducation et de formation.” Le ministre reste tout de même optimiste quant à l’avenir : “Nous avons aujourd’hui une chance exceptionnelle de relever ce défi et ce, pour deux raisons : d’abord, le monde est en train de vivre une véritable révolution, mais aussi nous vivons, ici en Tunisie, une période qui va nous permettre de gagner le temps perdu.”
À vrai dire, les initiatives visant à “gagner ce temps perdu” en termes de qualité de ressources humaines se sont multipliées ces dernières années. Parmi elles, le projet Business Reform and Competitiveness Project (BRCP) initié par l’USAID qui comporte une grande partie dédiée à la question RH. Les entreprises tunisiennes qui trouvent des difficultés à trouver les bons talents peuvent faire appel au BRCP, qui se charge de faire le réseautage nécessaire ou même tout le processus de la présélection, gratuitement. “Durant les deux premières années du projet, nous avons réussi à créer plus de 10.000 emplois”, s’est félicité Karl Miville-de Chene Emba, membre du projet.
Les tendances
Personne n’est à l’abri des nouvelles technologies, et même les géants qui ne suivent pas les tendances risquent de subir l’obsolescence. C’était le message de Gwenaelle de la Roche, Head of Strategic Marketing chez Manpowergroup France.
“Quand internet était à ses débuts, les gens ont cru qu’elle va détruire les emplois. Mais voilà que vingt ans plus tard, internet a créé des centaines de milliers de postes.”
Aujourd’hui, on ne cesse de répéter que la robotisation et l’automatisation vont rendre l’Humain obsolète. Ce n’est pas vrai, d’après de la Roche. Toutefois, il faut s’attendre à une réorientation des tendances RH : “tout doit être repensé dans le cadre d’un nouvel écosystème de création d’emploi, de formation et de reconversion. Les entreprises seront à la quête de deux types de profils : les compétences techniques pointues, et les compétences hybrides dont la mission sera de faire la liaison entre les différents départements.”
Sommes nous en retard ?
Comme dans la majorité des autres secteurs, le marché tunisien de la RH est en retard par rapport à ce qui se passe même chez nos voisins de la région MENA. Certes, le climat d’instabilité politique ne facilite pas les choses, mais il est temps d’agir.
Nous avons également souhaité à ce que les PME soient plus présentes lors de cette rencontre, car ce sont souvent ces entreprises qui rencontrent le plus de difficultés, aussi bien pour recruter les bons talents, mais surtout pour les garder.