Deuxième Forum IoT Tunisia 2017
La deuxième édition du forum annuel IoT Tunisia a été organisée hier, le 28 avril 2017, au Technopark El Ghazala. Cette édition a été rehaussée par la présence de Habib Debbabi, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique. Plusieurs experts et spécialistes en la matière n’ont pas manqué d’assister à ce rendez-vous.
“Nous voulons faire de ce forum un rendez-vous annuel”, a déclaré Farouk Kamoun, président de l’université Sésame et organisateur de l’événement, lors de son allocution d’ouverture, “et ce, vu l’importance croissante de l’IoT”.
La vraie question pour Kamoun est comment faire pour passer aux réalisations et converger les efforts des différents intervenants du secteur. IoT Tunisia, un groupement d’intérêt économique à but non lucratif qui vient de voir le jour, en est la réponse. “C’est le premier consortium en Tunisie rassemblant académiciens, industriels et donneurs d’ordre”, a-t-il ajouté.
Habib Debbabi a félicité les membres du groupement : “Ce rassemblement donne l’exemple d’un nouveau modèle collaboratif. C’est bien de voir que la technologie a enfin réussi à changer la façon avec laquelle nous pensons et agissons”. Pour le responsable de l’économie numérique, le rôle de l’Etat est de faciliter la créativité. “La license de l’IoT n’est qu’un workaround en attendant le Code du numérique qui devrait voir le jour avant la fin de l’année”. Le secteur de la technologie joue un rôle très important dans la politique de l’emploi du gouvernement. D’après Debbabi, chaque point de croissance dans ce secteur vaut 75 mille nouveaux postes, “correspondant au nombre de nouveaux diplômés chaque année”.
Sécurité, sécurité, sécurité
Les participants ont eu droit à une belle surprise : une intervention vidéo de la part de Vint Cerf, l’un des Pères Fondateurs d’Internet. Lors de son intervention, Cerf a mis l’accent sur un aspect crucial pour le succès de l’internet des objets : la sécurité. De par leur positionnement unique, jouant le rôle d’un pont reliant le virtuel et le réel, les objets connectés posent de nouveaux challenges. D’un côté, ces devices doivent être sécurisés, de l’autre, il faut qu’ils puissent communiquer facilement avec leur environnement. Et ce n’est toujours pas facile de trouver un équilibre entre les deux. Il faut aussi penser à créer des architectures permettant aux utilisateurs — qui ne sont pas forcément des experts — de protéger facilement, mais efficacement, leurs devices. C’est un point crucial pour les objets connectés, cible préférée des pirates qui cherchent à y accéder pour en prendre le contrôle et subtiliser leurs données.
Certes, on parle ici d’objets connectés, mais il faut que ces devices puissent continuer de fonctionner même en absence de connexion, a rappelé l’expert : “Je ne veux pas finir avec une maison qui ne ‘marche’ pas à cause d’une coupure d’internet”, a-t-il dit.
Une nouvelle opportunité pour la Tunisie
Pour Ian Akyildiz, professeur à la prestigieuse Georgia Tech, la Tunisie ne devrait pas penser à concurrencer les géants du secteur tels que GE ou Cisco. Au contraire, nous devrions nous concentrer sur la région arabe. “La Tunisie est le pays arabe le plus avancé dans ce secteur, et est la mieux positionnée pour servir ce marché de plus de 600 millions de consommateurs”.
La démocratisation de l’internet des objets va permettre la création de tout un écosystème de services, notamment dans l’IT management, le business consulting, l’analyse des données collectées, les courtiers en données, la sécurité, …
Big data ♥ IoT
La Big data est l’allié incontestable de l’internet des objets. L’énorme volume de données collectées par les milliers, voire millions, d’objets est une véritable mine d’or pour les entreprises.
Jumelé à l’IoT, le Big data permet d’améliorer le ROI, comme l’explique Mohamed Bessa, directeur du Pôle Conseil & Innovation à Business&Decision, par la réduction des coûts (optimisation des process, détection de fraude, …) et l’augmentation des revenus (améliorer les offres, …).
Historiquement, B&D était focalisée sur le décisionnel, plus que l’opérationnel. Mais l’avènement du Big data en temps réel avec l’IoT, a flouté les frontières entre les deux. “Nous arrivons aujourd’hui à injecter les directives directement, et en temps réel, dans la chaîne de production. Mieux encore, nous analysons les données collectées par les objets connectés pour optimiser leur propre fonctionnement !”, explique le responsable du spécialiste français de la BI.
La Big data et les objets connectés ont permis aux entreprises de diversifier leurs business models. Nike, par exemple, utilise les données collectées par leurs chaussures connectés (oui, ça existe!) pour améliorer leurs produits, ce qui a un effet positif sur les ventes. Nike, un géant industriel, a pu par la même occasion renforcer son côté “services” en proposant des applications de coaching à ses clients.
Cette “servication” est une nouvelle chance pour les entreprises, y compris les tunisiennes, à la recherche d’un rendement amélioré.