Dans la loi de finances rectificative, les dépenses de l’État ont été revues à la hausse pour atteindre les 50.9 milliards de dinars ― soit 3.7 milliards de dinars de plus qu’initialement prévu dans la loi de finances originale.
Mais qu’est-ce qui explique cette hausse? Un nouveau rapport publié par le ministère des Finances donne quelques éléments de réponse.
Dans le document, on apprend que la masse salariale va atteindre les 21.8 milliards de dinars à fin 2022, dont une partie, estimée à 279 MTND, qui va être couverte par les dépenses d’urgence. Cette hausse est propulsée principalement par l’accord signé avec l’UGTT sur l’augmentation des salaires dans la fonction publique dont l’impact a été estimé à 195 millions de dinars.
Cela fait que la masse salariale consomme, à elle seule, 53.1% des ressources propres de l’État. Ce taux a été de 46.8% en 2010 et a atteint un pic de 63% en 2020.
Quant aux dépenses de compensation, leur valeur dans la loi de finances rectificative pour l’année 2022 a explosé, marquant une hausse de 163%, passant ainsi de 2.9 à 7.6 milliards de dinars.
Cette forte croissance est causée par la révision de plusieurs hypothèses inscrites dans la loi de finances originale, dont le prix moyen du baril de pétrole ― qui passe à 100 dollars, contre 75 dollars initialement, et la contre-valeur du dinar tunisien en dollar américain.
Le rapport indique également que la consommation des hydrocarbures a baissé durant les 9 premiers mois de l’année en cours, contribuant à une baisse de 310 millions de dinars des dépenses de compensation. Les détails de cette baisse ne sont pas encore clairs mais ils peuvent être le signe d’un ralentissement de l’activité économique.
En ce qui concerne les subventions aux matières premières, et malgré le fort impact de la crise russo-ukrainienne sur les prix des denrées alimentaires de base, en particulier le blé, alors que les prix mondiaux ont connu des niveaux sans précédent, la baisse des prix ces derniers mois s’ajoute à la bonne tenue de la crise, notamment en travaillant à intensifier la surveillance.
Pour sécuriser l’approvisionnement régulier du marché et les voies de distribution afin de limiter le phénomène de contrebande, de monopole et de spéculation illégale, en application du décret n°14 de 2022 relatif à la lutte contre la spéculation illégale, il a été possible de maîtriser les besoins de soutien en matériels de base et de les maintenir au niveau estimé par la loi de finances initiale, soit 3.8 milliards de dinars.