Les levées de fonds deviennent une partie intégrante du fonctionnement des startups tunisiennes. Collecter des financements reste, en revanche, très complexe et très gourmand en ressources.
Dans son guide sur les levées de fonds en Tunisie paru le mois dernier, Briter Bridges a résumé les points les plus importants qu’un entrepreneur doit avoir en tête lors de la finalisation d’un tour de table.
Le déblocage des fonds peut tarder, vu la nécessité de faire signer les procès-verbaux par tous les membres de votre cap table: si votre startup est constituée en Tunise et que votre cap table est composée d’investisseurs étrangers basés dans différentes géographies, le changement des statuts de votre société nécessite la signature manuscrite des différents investisseurs engendrant une lenteur du processus et impactant le délai de déblocage des fonds. Ce délai est également à prendre en considération au moment de la levée de fonds.
Certains instruments financiers ne sont pas utilisables en Tunisie: l’equity ou encore les Actions ordinaires (AO) sont les instruments financiers les plus utilisés en Tunisie. Malgré la disponibilité d’autres instruments souvent privilégiés par les investisseurs notamment en early-stage, certains ne peuvent pas être utilisés vu que la loi tunisienne ne le permet pas. Parmi ces instruments, nous citons: l’instrument KISS (Keep It Simple Security), les actions préférentielles (preferred shares), les stock options et les BSA (Bons de souscription d’actions). Au moment de la levée de fonds, l’entrepreneur est invité à le préciser à ses investisseurs. Nous recommandons de recourir à des experts juridiques afin de vous assister sur le choix de l’instrument financier à utiliser.
La scène du capital-risque en Tunisie est en cours de développement, de nouveaux fonds verront bientôt le jour: certes, l’accès au financement constitue l’un des challenges de l’écosystème startup tunisien, cependant, l’opérationnalisation du programme du fonds de fonds Anava dans le cadre de l’initiative nationale Startup Tunisia vient dynamiser la scène du capital-risque. Les deux premiers child-funds ont été annoncés, en l’occurrence le fonds 216 Capital Fund I géré par 216 Capital Ventures, et le fonds BIF² géré par Silicon Badia. D’autres fonds seront bientôt disponibles pour les startups tunisiennes à différents stades de développement.
L’accès au financement est challengeant pour les entrepreneurs mais la région est en train de gagner en visibilité grâce à ses champions nationaux: avec la naissance de champions nationaux, à l’instar d’InstaDeep, Expensya et Gomycode qui ont réussi à réaliser des levées de fonds importantes auprès de structures d’investissement internationales de renommée, les fonds étrangers s’intéressent davantage à sourcer des deals en Tunisie. On parle d’un effet multiplicateur à travers lequel la levée de fonds de startups tunisiennes ramène des structures d’investissement pour d’autres startups. Sur le plan régional (Afrique du Nord), d’autres startups réussissent également à réaliser des levées de fonds importantes, ce qui contribue davantage à renforcer l’attractivité de la région.
Si vous levez en devises auprès d’investisseurs étrangers, il faut obligatoirement passer par “la plateforme des investissements en devises des non-résidents en Tunisie” mise en place par la Banque centrale de Tunisie. “La BCT a publié en décembre 2018 sa circulaire relative aux investissements en devises par des non-résidents en Tunisie indiquant l’obligation de remplir la fiche d’investissement via la plateforme par l’investisseur étranger souhaitant acquérir des actions ou des parts sociales d’une société établie en Tunisie, résidente ou non résidente”. Vu la complexité de la version actuelle de la fiche d’investissement de la BCT ainsi que sa non-disponibilité en version anglaise, les investisseurs étrangers ont souvent recours à des cabinets d’avocats afin de les assister dans la démarche. Cette étape peut avoir un impact sur le délai de versement des fonds sur le compte bancaire de la startup, il est recommandé d’en prendre considération au moment de la levée de fonds.