Selon les résultats de la dernière enquête d’Afrobarometer en Tunisie, la pollution est un problème environnemental grave et rejoint la gestion des déchets parmi les problèmes environnementaux les plus importants du pays. C’est ce qu’affirme le communiqué de presse relatif à la présentation de la dernière étude de l’Afrobarometer. Elle porte sur l’avis des Tunisiens sur l’environnement et le changement climatique.
Youssef Meddeb, CEO de One to One, explique la méthodologie: “L’équipe d’Afrobarometer en Tunisie, conduite par One to One for Research and Polling, s’est entretenue avec 1.200 adultes [NDLR: âgés de plus de 18 ans] tunisiens entre le 21 février et le 17 mars 2022. Un échantillon de cette taille produit des résultats nationaux avec des marges d’erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%. Des enquêtes ont été précédemment réalisées en Tunisie en 2013, 2015, 2018 et 2020”.
Imen Mezlini, Research Manager chez One to One for Research and Polling, synthétise les résultats de l’étude. Trois sujets sont liés à l’environnement: le réchauffement climatique, la pollution, l’extraction de ressources naturelles et l’impact sur l’environnement naturel. Les chiffres les plus importants: 78% n’ont jamais entendu parler du réchauffement climatique (22% de personnes en ont entendu parler). Cela est très faible par rapport au Kenya ou au Gabon, où plus de 50% des sondés ont entendu parler de ce phénomène. La sécheresse ou les inondations sont les phénomènes résultant du réchauffement climatique qui sont les plus cités. 69% des Tunisiens disent que la sécheresse a énormément augmenté en 2020, alors que seulement 14% parlent des inondations. Les personnes ayant entendu parler du réchauffement climatique sont 84% à répondre qu’il a des conséquences négatives sur leur quotidien et 71% appellent le gouvernement à agir pour diminuer les effets de ce phénomène.
Elle ajoute que l’entrepreneuriat en relation avec l’environnement, la finance verte et autres activités liant climat et activité économique peuvent être créateurs d’emplois, de valeur ajoutée et d’innovation, notamment par le biais des startups.
Les sacs en plastique à usage unique, le lien environnement/économie
Les sacs en plastique constituent une source majeure de pollution, selon la majorité des Tunisiens. Par ailleurs, les avis sont partagés quand il s’agit de prioriser la lutte pour préserver l’environnement par rapport à la lutte pour la création d’emplois.
S’agissant de l’extraction des ressources naturelles qui ont lieu près de leurs communautés, la grande majorité des Tunisiens souhaitent davantage de réglementation environnementale.
La moitié des répondants trouvent que les bénéfices dépassent les coûts environnementaux, mais que les personnes ordinaires n’ont pas voix au chapitre au niveau des décisions prises et que les communautés ne perçoivent pas une part juste des revenus des exploitations.
Résultats clés
▪ Près de neuf Tunisiens sur 10 (88%) estiment que les problèmes de pollution tels que l’accumulation des déchets/ordures ou des dommages à la qualité de l’eau sont graves dans leurs communautés, y compris 76% qui les considèrent «très graves».
▪ Aux yeux des Tunisiens, le traitement des déchets y compris plastiques est le problème environnemental le plus important, suivi de la pollution des sources d’eau, de la gestion des déchets humains et de la pollution de l’air.
▪ Près de huit Tunisiens sur 10 (79%) affirment que les sacs en plastique représentent une source majeure de pollution dans le pays.
▪ Les Tunisiens restent divisés quant à choisir entre la protection de l’environnement aux dépens de la création d’emplois (45%) et la création d’emplois au détriment de la protection de l’environnement (44%).
▪ En ce qui concerne les exploitations des ressources naturelles qui ont lieu près de leurs communautés, une large majorité (83%) des Tunisiens affirment qu’il faut plus de réglementation environnementale. Environ la moitié des citoyens affirment que les avantages l’emportent sur les coûts environnementaux (48%), mais que les citoyens ordinaires n’ont pas voix au chapitre dans les décisions prises (48%) et que les communautés ne reçoivent pas une part équitable des revenus (49%).
“La responsabilité que se met le citoyen sur lui-même n’est présente que chez les personnes conscientes du réchauffement climatique. Lorsqu’on se pose la question sur la responsabilité, les responsables du phénomène (pollution, accès à l’eau) peuvent être autres que les citoyens”.
Youssef Meddeb, CEO de One to One.
“La conscience citoyenne associant la question de l’environnement uniquement à la gestion des déchets montre une vision réduite de la question environnementale. Cette compréhension réduite ne lui associe pas d’autres enjeux, comme la gestion de l’eau ou la question économique et sociale”.
Nidhal Attia, coordinateur de programme à la Fondation Heinrich Böll.