Comment définissez-vous la mission de Réseau Entreprendre?
C’est un grand mouvement de plus de 15 mille chefs d’entreprise dans 10 pays. Nous avons deux missions principales. D’abord, aider les entrepreneurs à potentiel à travers un accompagnement de la part d’un chef d’entreprise qui a déjà réussi. C’est un accompagnement gratuit qui dure de 2 à 3 ans. Aussi, nous offrons à ces jeunes entrepreneurs des financements sous forme de prêt d’honneur de 30 mille dinars. Ce financement peut avoir un effet de levier important, puisqu’il s’agit d’un prêt personnel que l’entrepreneur peut utiliser pour accéder à un financement bancaire plus important. Cela dit, il est à noter que l’accompagnement est le cœur de nos activités. À travers l’accompagnement, nous aidons les chefs d’entreprise à développer leur leadership et à optimiser leur croissance. À travers ce mentorship, nous faisons gagner un temps considérable aux entrepreneurs en les aidant à anticiper les difficultés.
Être un bon entrepreneur ne signifie pas que la personne est un bon mentor. Comment assurez-vous l’adéquation des accompagnateurs?
Dès que les chefs d’entreprise membres de Réseau Entreprendre affichent un engouement pour le mentoring, nous leur offrons une formation pour assurer qu’ils aient la posture d’un accompagnateur. Car un accompagnateur est un miroir qui va interroger l’entrepreneur ― il ne va pas décider à sa place ― mais l’interroger sur ses difficultés, lui donner confiance, le soutenir, etc. L’avantage d’avoir un entrepreneur comme accompagnateur est le fait qu’il peut identifier les signaux faibles et les mettre comme un miroir sous les yeux de l’entrepreneur.
Réseau Entreprendre est présent dans plusieurs régions dans le monde. Y a-t-il une différence culturelle entre les entrepreneurs dans ces régions?
Je ne pense pas que c’est le cas. Pour être entrepreneur, il faut avoir des qualités personnelles de créativité, de développement. Un entrepreneur doit avoir une résistance à l’échec et la capacité de faire face à l’incertain. Cela est vrai partout.
Malgré le fort engouement envers les startups, Réseau Entreprendre a maintenu son focus sur les PME. Pourquoi avez-vous fait ce choix?
Notre objectif principal à Réseau Entreprendre est la création de l’emploi dans les territoires. Et pour le faire, il faut créer des employeurs. Nous nous focalisons ainsi à aider les entrepreneurs à optimiser leur croissance et à développer leur chiffre d’affaires, ce qui n’est pas le cas pour les startups. Celles-ci sont plutôt focalisées sur les levées de fonds pour assurer leur croissance. Cela dit, nous avons parmi nos membres des startups, vu que nous focalisons aussi sur l’innovation. Même avec ces entreprises, notre apport consiste à les aider à focaliser sur la génération de chiffre d’affaires, seul garant d’un développement régulier de l’entreprise.
Comment trouvez-vous le paysage entrepreneurial tunisien?
Le paysage entrepreneurial tunisien a deux caractéristiques clés: il regorge de jeunes qui ont envie d’entreprendre, en plus de la forte présence des femmes. Au fait, les femmes représentent 40% des entrepreneurs qu’on accompagne en Tunisie et c’est l’un des taux les plus importants à travers notre réseau. La Tunisie a des perspectives assez prometteuses dans l’aéronautique, la mécatronique, le digital, l’agroalimentaire et aussi dans l’impact. On sent que beaucoup de Tunisiens ont envie de s’investir personnellement et prendre part à ce monde qui change avec des projets de développement durable, d’enjeux sociétaux et c’est très enthousiasmant de voir ça. Cela dit, il faut rappeler que les entrepreneurs ont également besoin de visibilité de long terme, et donc le sujet de la confiance est un sujet clé en Tunisie et c’est ce qu’attendent les entrepreneurs dans le pays.