Par Wissem Oueslati, expert IT et e-commerce
F dans GAFA — l’acronyme des quatre entreprises les plus puissantes du monde de l’internet — désigne Facebook (les autres lettres représentent Google, Apple et Amazon, bien évidement). Certains experts estiment que ce dernier dépassera Google dans tout ce qui est recherche liée au web social et mobile. Les réseaux sociaux et particulièrement Facebook sont devenus une continuité de notre vie quotidienne. Le web social c’est avant tout une manière de penser. D’abord parce chaque personne a un besoin de partage et de contact avec sa communauté et plus particulièrement parce que, comme le souligne Nicloas Brodas, président de TBWA (réseau publicitaire international), il a apporté une nouvelle façon de communiquer légère et souple.
Mais c’est l’arbre qui cache la forêt
La question qui se pose est : qui se sert de ce réseau ? Nous ou c’est lui qui se sert de nous ? Tellement Facebook accumule les données personnelles, il est devenu un moteur de surveillance utilisé par les puissants de ce monde (GAFA) ! Tellement il a pris de l’ascendant que notre liberté est menacée autant que la démocratie, car il a ses propres règles pour décider de ce qui doit être publié et vu dans l’actualité !
Des millions d’entreprises, d’organisations et d’individus entretiennent des pages Facebook pour être plus visibles et obtenir plus d’adhérents, appelés fans de nos jours (pour être plus fun !). Le mélange des réseaux sociaux et les médias sociaux avec l’utilisation de nos vidéos, images et publications privées ont changé notre comportement quotidien. Ces cinq dernières années, on a assisté à une métamorphose totale avec la fusion des réseaux et médias sociaux, qui ont transformé le web en web social qui gravite autour de l’utilisateur. Les profils publics des utilisateurs sont parfois assimilés à des cobayes par ce “F” de Facebook, lequel se permet parfois de tester des nouvelles fonctionnalités ou produits sans même les avertir !
Mais pourquoi tout cela, une addiction, la mode ou autre ?
Une thèse du Docteur en psychologie et psychanalyste, Serge Tisseron, qui a inventé le néologisme « extimité » pour rendre compte de l’attitude des candidats des émissions de télé-réalité et dénoncer l’usage, à ses yeux abusif, du mot exhibitionnisme à leur sujet. Il a pour cela donné à ce mot une définition, à savoir le processus par lequel nous exposons certaines facettes de notre intimité à un public plus ou moins large pour les valoriser, c’est “L’intimité surexposée” qui est d’ailleurs le titre homonyme de son ouvrage. Ce besoin de se montrer, en mettant en scène sa propre image, Facebook y répond en créant une nouvelle forme de relation définie par le psychanalyste Tisseron comme l’intimité extériorisée ou autrement l’intime comme spectacle.
Ainsi le désir de dévoiler sa vie intime serait devenu nécessaire au développement. Stéphane Hugon, Docteur en sociologie et responsable du Groupe de Recherche sur la Technologie et le Quotidien réplique : « C’est une sorte de libération pour beaucoup de gens». Si la façon dont nous nous montrons a changé, si nous nous définissons à travers ce que nous pouvons montrer et que les autres voient, alors les objets eux-mêmes sont relationnels, existent dans la promesse d’un rapport à autrui. « Aimer » un produit, le commenter, le recommander, c’est chercher un statut, une validation positive par sa tribu. Et pour retourner aux réseaux sociaux, c’est exactement que de cette force tribale que ces réseaux sociaux tirent leur pouvoir et prennent le contrôle de nos vies !
Ce qu’il faut savoir ! Un utilisateur averti en vaut deux
Si pour certains réseaux sociaux vous avez la certitude de contrôler votre site web à 100%, ce n’est pas le cas pour Facebook qui peut à tout moment suspendre votre page. Il utilise ses boutons pour suivre pas à pas ses utilisateurs et gare à celui qui étale sa vie privée pensant le faire avec un ami internaute. Dès l’instant d’après, Facebook se chargera de la mettre sur la place publique avec toutes les conséquences que cela pourrait entraîner, en plus du préjudice moral. D’ailleurs les Tunisiens qui sont férus de Facebook n’ont pas le sens du respect de la vie privée d’autrui et ne se privent pas non plus d’en rajouter, en oubliant que ça n’arrive pas qu’aux autres et qu’on peut soi-même être exposé et jeté en pâture à l’opinion publique. Le redoutable pouvoir de l’information qui permet à facebbok et à d’autres leaders du monde de l’internet de s’approprier nos vies a encore de beaux jours devant lui jusqu’à ce que les utilisateurs de Facebook et autres Big Brother le permettent et n’arrivent pas à contrôler leur addiction.
À bon entendeur …