La victoire de Giorgia Meloni, candidate d’extrême-droite, aux législatives en Italie risque de changer l’équilibre fragile de la région méditerranéenne. Alfonso Campisi, universitaire italien résidant en Tunisie, répond aux questions de Managers concernant les retombées de ces résultats sur l’économie et les dynamiques entre l’Italie et la Tunisie. Comme le montre cette carte du monde des élections italiennes, la couleur bleue représentant l’extrême-droite est largement représentée, même pour les Italiens vivant en Tunisie.
Selon l’Institut national de la statistique (INS), concernant les échanges commerciaux de la Tunisie pour le premier semestre 2022, l’Italie est le premier partenaire commercial de la Tunisie. Selon Campisi, les changements politiques impacteront la stratégie italienne, sans que l’économie soit la plus touchée. “Du point de vue économique, je ne m’inquiète pas trop. L’Italie reste un partenaire économique pour l’un et pour l’autre. L’Italie demeure un pays de proximité géographique pour la Tunisie”.
Cependant, il risque d’y avoir un changement au niveau des flux migratoires et des démarches administratives concernant les visas. “Le point fixe du parti Fratelli d’Italia (parti dirigé par Mme Meloni) est de défendre les intérêts nationaux. Elle souhaite redescendre vers les racines des identités historiques judéo-chrétiennes de l’Europe. Elle faisait partie auparavant des partis d’idéologie fasciste. Cela inquiète beaucoup les Italiens, surtout ceux qui, comme moi, travaillent sur le dialogue interculturel, l’abolition des murs et la construction de ponts entre les civilisations”.
Le sujet sensible de l’immigration, régulière ou non, pourrait changer. D’après Campisi: “Concernant l’immigration, elle dit qu’elle est contre l’immigration irrégulière. Elle souhaite trouver une solution avec les autorités nord-africaines. Quelles sont précisément ces solutions? Je ne saurais le dire. Elle souhaite notamment bloquer les bateaux qui transportent des migrants du nord de l’Afrique au sud de l’Italie”.
Le projet consiste à gérer de manière plus ordonnée les flux légaux de l’immigration. Alfonso Campisi dénonce les difficultés des Tunisiens à obtenir des visas, surtout concernant les travaux de recherche. “Je défends l’obtention des visas pour les collègues de l’université de La Manouba qui partent pour des projets de recherche ou de doctorat”. Les déplacements à l’étranger pour la recherche sont win-win: le pays d’accueil y gagne comme le pays de départ. C’est grâce à l’échange et au partage que cela peut faire avancer la recherche.