Dans une note publiée aujourd’hui, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives a souligné que l’effort d’investissement a régressé depuis 2011, atteignant en moyenne 19.8% entre 2011 et 2020 contre 24% durant la période 2001-2010. Une forte contraction de ce taux est, également, enregistrée depuis 2020 pour ne pas dépasser 15.4% en 2022.
Pour mesurer le degré d’efficacité de l’utilisation du capital dans l’économie nationale, l’ITCEQ compare le niveau de l’ICOR, ou Incremental Capital Output Ratio, qui a été relativement élevé sur la période 2012-2019 comparativement à la période 2000-2010 (10.7% contre 6.2% en moyenne par an respectivement). Cela traduit un manque d’efficacité de l’utilisation des investissements. Corrélativement, la productivité du capital a subi en moyenne une baisse de 1.7% entre 2011 et 2020, synonyme de contribution négative de ce facteur à la croissance.
Ce phénomène s’est accompagné d’une baisse importante de l’épargne nationale qui s’est limitée à 12.8% du revenu national brut en moyenne sur la période 2011-2022 (contre une moyenne de 21.4% entre 2001 et 2010), se traduisant par une décélération de la capacité d’autofinancement des investissements.
De son côté, la pression fiscale moyenne sur la période 2011-2020 a dépassé les 22% et s’est élevée à 25% en 2022. Son niveau s’avère parmi les plus élevés en Afrique et par rapport à plusieurs pays concurrents. Un tel phénomène serait l’un des facteurs à l’origine de l’accentuation de l’évasion fiscale en Tunisie.
Les analystes de l’ITCEQ ont noté que le niveau de la part de marché interne demeure structurellement modeste, ne dépassant pas les 53% en moyenne sur toute la période 2000-2022. Cela requiert, d’après eux, une utilisation efficace des facteurs de production pour répondre à la hausse de la consommation de l’économie tunisienne, outre l’amélioration de la compétitivité des produits nationaux pour affronter la concurrence étrangère.
Cela est d’autant plus important que la consommation privée par habitant est estimée à une moyenne de 6142.5 dinars par an durant la décennie 2011-2022. Elle s’est accrue, en terme nominal, au même rythme que la décennie précédente, soit au taux annuel moyen de 7.2%. Par contre, le pouvoir d’achat des ménages s’est nettement affaibli durant la période 2011-2022, dans la mesure où la croissance du Revenu national disponible brut nominal a ralenti (5.8% contre 7.2% entre 2001 et 2010) alors que les prix à la consommation ont sensiblement augmenté durant cette sous-période (5.3% contre 3.4% respectivement).
De leur côté, les indicateurs du marché financier ont connu une évolution haussière notamment entre 2005 et 2010, comme l’illustrent les niveaux de la capitalisation boursière et du volume des transactions de titres. Ces deux indicateurs étant passés de 10.2% et de 4% du PIB en 2005 à 24.1% et 4.3% respectivement en 2010. Une telle évolution pourrait s’expliquer par le dynamisme au niveau de l’offre induit par les nouvelles introductions en Bourse conjuguées aux résultats favorables affichés par les sociétés cotées et renforçant la confiance des investisseurs.
Néanmoins, un certain repli de ces indicateurs est perçu au début de la période post-révolution ainsi que durant les années 2019 et 2020. Le niveau de la part des créances professionnelles impayées ou en contentieux a dépassé 14% en 2019 et 2020 contre 12% en 2010. Leur répartition sectorielle révèle que le secteur des services, plus particulièrement le «commerce, réparation automobiles et articles domestiques», ainsi que «hôtels et restaurants» accaparent structurellement les parts les plus élevées.