«La pandémie a été un grand choc industriel pour le monde entier, surtout pour l’industrie du voyage, du tourisme, de l’hôtellerie et de la logistique. Nous avons dû fermer nos hôtels pendant quasiment une année. Aujourd’hui, ils sont tous ouverts et il a fallu s’adapter. C’est là que l’on voit l’importance d’avoir une équipe soudée, solidaire. Sans elle, nous n’aurions pas survécu à cette catastrophe», reconnaît Mossadeck Bally lors du webinaire de la 3e AfricaDev Session organisé par le club Afrique Développement du Groupe Attijariwafa bank le 19 juillet 2022 autour du thème «Exploiter les opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine».
Selon lui, il s’agissait de développer du potentiel dans les meetings, les conférences, les events et accélérer la digitalisation, développer les process et le concept de co-working… «Cela fait 28 ans que le Groupe Azalaï hotels a commencé son aventure à partir du Mali puis dans plusieurs pays ouest-africains avec l’aide du groupe Attijari. Dès le début, nous avons cru à l’intégration sous-régionale, à l’intégration africaine. Aujourd’hui, il y a toute une conception nouvelle du tourisme en Afrique et cela cadre avec le sujet du jour: en réalité, il faut se rendre à l’évidence que le potentiel du tourisme en Afrique est surtout africain et s’atteler à développer le tourisme intra-africain. C’est l’opportunité que nous offre la ZLECAf, et commercer entre nous va développer considérablement les flux intra-africains mais pour que cela soit, il y a de nombreux obstacles à lever», souligne Bally.
– 1er obstacle, il faut un ‘Visa Free Africa’. Un passeport africain sous la présidence du Président Kagamé de l’Union africaine a été présenté mais est resté un vœu pieux.
– 2e obstacle, les connexions aériennes. Le continent est très peu desservi et les billets sont excessivement chers. Il faut un nouveau traité pour libérer le ciel africain.
-3e obstacle, l’Afrique est le continent le moins financé: 20% des besoins de financement des entreprises sont satisfaits par le système bancaire (aux USA c’est plus de 100%, en Europe c’est supérieur à 100%, en Chine c’est 130%… et en Afrique il y a des disparités: au Maroc c’est 80%, au Mali c’est 15%). Et l’hôtelier africain emprunte à 8% alors que l’hôtelier européen emprunte à 1%.
– 4e obstacle, la formation. Exemple, le Mali est un pays minier mais les compagnies sont obligées d’importer de la main-d’œuvre qualifiée parce qu’elles ne trouvent pas de jeunes Maliens formés aux métiers miniers.
– 5e obstacle, la sécurité. Il y a tous les jours de graves lacunes sécuritaires et si nous voulons que la ZLECAf marche, nous devons y investir.
– 6e obstacle, les infrastructures. Nous avons besoin de routes, ports, aéroports, lycées techniques, centres de formation, de milliers d’hectares pour la production du blé, du maïs…
– 7e obstacle, lorsqu’un producteur veut exporter, il faut qu’il ne rencontre pas de tracasseries aux douanes.
Il reste pourtant positif: «Les entrepreneurs africains devraient se dire qu’ils ont une chance extraordinaire de travailler dans le seul et unique continent qui reste à développer. Les opportunités sont à l’infini, mais il faut les saisir. Nous avons oublié que ce qui peut apporter l’industrialisation c’est l’énergie. Il faut y investir massivement».