« Alors que 58% des personnes interviewées estiment que la femme doit avoir les mêmes chances pour accéder à la vie politique, on vous dit après qu’en entrant dans la sphère publique elle va avoir des problèmes pour elle et sa famille. Une barrière à l’entrée, une pression psychologique fortement inhibitrice », regrette Raja Jabri, présidente de l’association Mourakiboun, lors de la présentation, le 4 juillet à Tunis, des résultats de la cinquième vague de l’Afrobaromètre sur l’égalité des chances et la violence faite aux femmes menée par l’institut de sondage One to One for Research and Polling.
D’un côté, une certaine conscience de la compétence des femmes, leur éligibilité pour un leadership politique autant que les hommes et leur aptitude à apporter un ‘plus’ à la vie politique. De l’autre, des normes sociales qui maintiennent encore le cadre traditionnel où la place des femmes est dans la sphère privée!
« Les femmes qui essayent de dépasser cette limite sociale se retrouvent directement face à l’intimidation, le harcèlement, toute la gamme des violences verbales et cela peut aller jusqu’à la violence physique. Nous l’avons très bien vu jusque sous la coupole du parlement; les insultes, les violences. C’est bizarre quand on sait que c’est ce même parlement qui a voté à l’unanimité la Loi 58 pour la lutte contre la violence faite aux femmes! », souligne Raja Jabri.
Selon elle, nous sommes en pleine dualité généralisée dans l’administration, la population, les partis politiques, des conservateurs aux modernistes… alors qu’une fois exposée à la sphère publique, la femme se trouve face aux réseaux sociaux, à certains médias, au harcèlement pur et simple: « J’étais dans beaucoup de Focus Groups où des femmes parlementaires parlaient des problèmes auxquels elles ont dû faire face au sein même de leur propre bloc politique (leurs propres collègues avec lesquels elles étaient en campagne, défendant les mêmes positions…), en commission, quand la femme intervient les chuchotements se multiplient. Ces parlementaires en ont parlé avec beaucoup d’amertume. D’ailleurs, beaucoup de figures féminines se sont juré de ne plus revenir à la vie publique à cause de cette réalité. Et la femme continue à être exclue des postes de décision, elle travaille mais ce sont les hommes qui décident et la société civile fait beaucoup de travail mais son rôle est limité et c’est à l’Etat de bouger ».