Les passages difficiles, la douleur sont ce qui rendent un entrepreneur légitime dans sa réussite. C’est l’un des axes de réflexion abordés lors de la discussion entre deux startuppeurs tunisiens ayant réussi à l’international. Il s’agit de Karim Beguir, CEO et co-founder d’InstaDeep, et Yahya Bouhlel, CEO et co-founder de GoMyCode.
Commencer à partir de zéro n’est pas une mauvaise chose
Les deux entrepreneurs ont parlé d’un démarrage de zéro, avec peu de moyens et une équipe très réduite. Le bootstrapping, le fait de démarrer une entreprise avec ses économies personnelles, peut être bénéfique.
Karim Beguir explique que le bootstrapping est même avantageux dans certains cas: “Lorsqu’on débute dans l’entrepreneuriat, on fait souvent des erreurs. Des erreurs de débutant avec peu de fonds coûteront beaucoup moins cher qu’avec quelqu’un qui va dépenser une somme importante. Également, lever des fonds trop vite peut attirer des personnes malintentionnées. Elles ne sont pas intéressées par l’entreprise, mais ce sont des mercenaires animés par l’appât du gain”.
Dépasser le bruit ambiant pour atteindre ses buts
L’autre obstacle souvent rencontré par les entrepreneurs est la critique de l’entourage. Yahya Bouhlel a commencé son entreprise à 19 ans avec son frère. Son expérience aux Etats-Unis lui a permis de voir une autre mentalité que celle où il a grandi. “J’ai commencé à coder à 13 ans et j’ai appris seul. Quand je suis allé aux Etats-Unis, à la Silicon Valley, j’ai vu des personnes avec les mêmes compétences que moi lancer leur entreprise à 18-19 ans. J’ai eu la chance d’entrer en contact avec un écosystème mature qui m’a encouragé à me lancer.”
Également, il dit de ne pas se laisser envahir par les remarques extérieures. “Il ne faut pas se laisser distraire par le bruit ambiant. Il faut travailler chaque étape de la façon la plus adaptée et se concentrer sur la croissance de l’entreprise”.
Contrecarrer la lourdeur d’un système ultra-réglementé par le numérique
La plus grande opportunité pour les jeunes Tunisiens est l’innovation dans l’entrepreneuriat digital, dit Karim Beguir. “Le digital n’a pas de lourdeurs structurelles. Grâce à une connexion internet, et le pays est déjà bien desservi, la seule limite entre vous et le succès est votre volonté d’apprendre, votre détermination et votre patience. Nous pouvons faire de la Tunisie un champion de la tech en Afrique et dans le monde arabe. Des startups parties de rien comme GoMyCode et InstaDeep, qui sont aujourd’hui des leaders internationaux, sont la preuve que c’est possible. Donc, il faut se mettre au travail et réaliser ce potentiel”.
“Il y a un besoin de sensibilisation et de formation aux nouvelles technologies. Les process liés au papier demandent de nouveaux processus digitalisés. Or, cela nécessite une formation du personnel”, déclare Nadia Gueddouz, field marketing et event manager à GoMyCode.