Ce sont les estimations que Samir Amous a présentées lors du 1er forum du réseau Pacte Mondial des Nations unies en Tunisie qui s’est tenu le 9 juin à Tunis afin de mobiliser pour la lutte contre le changement climatique, d’encourager l’adhésion aux initiatives, de partager les bonnes pratiques, proposer des ressources et des partenariats.
«La stratégie bas carbone n’est pas du business-as-usual, elle doit avoir une ambition forte pour traduire notre engagement à mener des transformations pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et se préparer pour que les dommages à venir soient minimisés sur l’agriculture, l’eau, la santé…», avertit Samir Amous, DG d’Apex Conseil Tunisie, dans une analyse des enjeux du changement climatique pour la Tunisie. Il part de la Stratégie nationale bas carbone et la Résilience au changement climatique en facteur des attentes de l’État pour la contribution du secteur privé.
Devant les représentants des organismes membres du réseau Pacte Mondial, des partenaires stratégiques (représentants du gouvernement tunisien et d’organismes publics, d’organismes des Nations unies…) et d’autres invités, il estime valorisant que le document sur notre stratégie nationale avec l’appui Giz soit public avec un état des lieux, les enjeux lourds de conséquences, les politiques d’atténuation, les visions stratégiques, les aspects transversaux (gouvernance, mobilisation des ressources financières, suivi, mise à jour…), car tout cela engage la Tunisie: «Il faut accélérer la cadence après 2030. On n’a pas beaucoup de temps et il faut penser en termes de rupture, surtout pour un nouveau modèle de développement. Il faut décider de l’ampleur du soutien des populations et remettre le système rural dans la boucle de développement, mettre l’accent sur l’inclusivité, la neutralité au service de la résilience et vice-versa…».
La transition bas carbone est-elle indispensable? Oui. Parce que le monde entier va dans cette trajectoire: et la Tunisie doit s’arrimer en matière de trajectoire, avec des objectifs avant-gardistes. Se positionner en First Mover! Faire converger transition bas carbone, développement et emploi à haute valeur ajoutée (attention aux métiers de demain), c’est ce qui permettra d’entrer dans une dynamique de prospérité.
Que demander au secteur privé? Ce travail n’a pas été fait, dans la stratégie nationale il n’y a pas de répartition public/privé: «Nous avons tenté une estimation et il en ressort que les établissements étatiques représentent 10% des émissions carbone alors que les entreprises privées en sont à 50-55% et que les particuliers en sont responsables de 35%. En matière d’énergie, la contribution totale du secteur privé est de 70%».
Mais quel nouveau modèle de développement alors que la Tunisie se démène depuis des années pour actualiser l’ancien qui date de plus d’un demi-siècle? Amous répond que nous ne sommes pas encore sortis de la ‘Loi-72’ et que nous devons réfléchir désormais en termes de haute valeur ajoutée: «Nous avons les ressources qui nous permettent de prétendre à la transformation de notre modèle économique, notamment notre proximité avec l’UE, mais nous devons nous investir dans les industries du futur, nous placer sur les perspectives de l’hydrogène, sur les véhicules électriques, les énergies renouvelables, de nouveaux choix pour le transport et la mobilité, remettre le secteur rural dans la chaîne de développement, développer les technologies de la production agricole, favoriser la stabilisation de la population, changer de modèle éducationnel, améliorer l’aménagement du territoire…».