“En Tunisie, les TIC représentent 7% du PIB et nous souhaitons doubler ce chiffre grâce au programme Smart Tunisia”. C’est ainsi qu’a commencé Anouar Maarouf, ministre des TIC, son mot d’ouverture de SITIC Africa 2017, donné en présence d’Olivier Koumba Mboumba, ministre de l’Economie numérique gabonais. “Les TIC sont le vecteur du changement dans le pays, que ce soit sur le plan économique ou social” a-t-il ajouté.
Les technologies de l’information et des télécommunications sont aussi importantes pour l’Afrique, un continent riche de 200 millions de jeunes de moins de 25 ans. D’ici 2025, la contribution du secteur dans l’économie africaine serait de l’ordre de 300 milliards de dollars, d’après McKinsey citée par le ministre. A vrai dire, l’Afrique a fait d’excellents progrès sur ce front. Contrairement à un passé pas lointain, plusieurs pays africains sont considérés aujourd’hui comme leaders mondiaux dans des secteurs aussi futuristes que le Mobile payment.
Le chemin du salut du continent passe certainement par le numérique. Pour optimiser cette transition vers le digital, “il faut harmoniser le cadre légal à l’échelle africaine”, a fait remarquer Maârouf. “Mais il ne suffit pas d’importer l’innovation. Il faut offrir notre savoir-faire au monde et pour ce faire, il faut commencer par développer les solutions pour nos propres problèmes”. Il n’y a pas mieux qu’un Africain pour développer les applications d’un Africain. Et la Tunisie doit capitaliser sur le savoir-faire de ses jeunes dans ce domaine afin de pouvoir assurer un point d’appui dans sa profondeur stratégique. Et il faut agir dans les plus brefs délais car nous ne sommes pas seuls. Force est de constater que le contexte unique de l’Afrique fait d’elle un marché attractif pour les géants internationaux qui n’ont cessé de multiplier les initiatives ces dernières années.
“L’humain doit être au centre du digital”
“Après avoir bénéficié d’une position presque monopolistique pendant des décennies, le système bancaire est en profonde mutation”, a indiqué Ahmed Karam, président de l’Association tunisienne des banques et des établissements financiers.
“Aujourd’hui, nous avons les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) qui ont mis les banques dans leur ligne de mire”, a-t-il averti. “En fin de compte, nous sommes des ouvriers de l’information — le pétrole du XXIème siècle. Ces entreprises ont les moyens de réussir grâce au big data, à l’intelligence artificielle”.
Karam n’a pas oublié les opérateurs, qui veulent aussi leur part du gâteau comme l’ont déjà fait en d’autres pays de l’Afrique. Les opérateurs mobiles ont aussi bien une large base d’utilisateurs de quelques centaines de milliers qu’une grande capacité de traitement de l’information. La solution ? “Amis banquiers et investisseurs, il faut investir dans la technologie”, a conclu l’expert.
Pour El Hadi Chaibainou, DG du Groupement professionnel des banques du Maroc, le numérique doit être un élément d’inclusion, surtout financière. Chose qui devrait permettre aux populations les plus démunies d’accéder facilement aux services dont elles ont besoin. Le banquier juge que la fracture numérique est en train de se boucher pour laisser apparaître un important gap financier. “L’humain doit être au centre du digital.”
Installer une infrastructure capable de connecter des centaines de millions de personnes, brancher dessus des services financiers et sensibiliser des populations entières pour y adhérer… Pas une mince tâche ! Chaibainou propose de grands projets en mode partenariat public-privé et incluant tous les intervenants pour une intégration horizontale couvrant des domaines aussi variés que la santé, l’éducation ou encore l’agriculture, pour ne citer qu’elles.
Le chemin ne sera ni facile, ni court, certes. Mais nous n’avons pas le choix. La seule option pour l’économie nationale est le numérique.