En tant que Tunisiens, nous sommes déjà conscients des obstacles que représentent le cadre réglementaire complexe et les ralentissements administratifs à l’entrepreneuriat. Mais une étude que vient de publier l’OCDE a permis de quantifier cet impact. D’après cette étude, les taux d’entrée sur le marché de nouvelles entreprises sont non seulement faibles ― par comparaison avec une liste de pays de référence, mais ils ont également diminué au cours de la dernière décennie. Les pays de référence sont le Costa Rica, la Hongrie, la Lettonie et la Turquie.
Cette chute est particulièrement prononcée dans les secteurs protégés dominés par les entreprises axées sur le marché local.
D’après les analyses de l’OCDE, cette évolution coïncide avec une diminution de la part des entreprises qui conçoivent des produits ou processus de production innovants et qui investissent dans le capital physique et humain ou dans la R&D.
La productivité du travail a également reculé dans tous les secteurs, ont noté les auteurs de l’étude, notant que les barrières d’entrée et la charge administrative élevée contribuent également à l’informalité. “Les entreprises plus petites et moins productives ne peuvent pas se permettre d’employer toutes les personnes qu’il faudrait pour respecter des procédures administratives coûteuses, et optent de ce fait pour le secteur informel”, lit-on dans le rapport.
Pour favoriser la concurrence et l’innovation, et accroître la productivité ainsi que la création d’emplois dans le secteur formel, les experts de l’OCDE recommandent d’abaisser les obstacles à l’entrée. Ils recommandent également d’alléger les formalités administratives liées aux obligations d’autorisation à fournir pour entrer sur un marché ou pour investir, et de réduire la complexité excessive des dispositifs d’incitations fiscales et de subventions.
La digitalisation peut représenter une solution ― si elle est implémentée correctement: de nombreuses formalités administratives peuvent désormais être effectuées en ligne, ont écrit les auteurs de l’étude, “ce qui constitue un pas dans la bonne direction”. Toutefois, ils ont rappelé que cette transition numérique doit s’accompagner d’une réduction des obligations d’autorisation préalable et de licence avec l’introduction d’une règle de consentement tacite chaque fois que possible.