La Commission européenne souhaite attirer davantage de travailleurs de plusieurs pays d’Afrique du Nord ― dont la Tunisie ― à travers un nouveau projet qui repose sur des “partenariats de talents”. Le but de ce projet est de combler les manquements sur le marché du travail européen… mais aussi de prévenir la migration “irrégulière”.
Dévoilant le programme lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière, la Commission européenne a indiqué que ce projet sera destiné, du moins dans sa phase initiale, à trois pays de l’Afrique du Nord, la Tunisie, le Maroc et l’Égypte. La Commission n’a pas dévoilé le nombre de travailleurs migrants que l’UE devrait admettre dans les années à venir, affirmant qu’il s’agit d’une décision qui sera déléguée à chaque État membre.
La France a déjà dévoilé qu’elle compte recruter 200 mille travailleurs saisonniers tunisiens dans le secteur touristique.
Toutefois, ce projet peut ne pas aboutir. “L’enthousiasme des États membres à la migration est déjà faible maintenant qu’il y a des millions de réfugiés ukrainiens en Europe”, a affirmé un responsable européen au journal belge De Morgen. Mais s’il voit le jour, l’augmentation du nombre de travailleurs migrants en provenance d’Égypte, de Tunisie et du Maroc devrait se concrétiser d’ici la fin de cette année.
L’idée de ce nouveau projet est de faire correspondre les compétences des migrants avec des employeurs en Europe qui ne sont pas en mesure de trouver des travailleurs locaux. La Commission a cité des pénuries de main-d’œuvre dans des domaines tels que la santé, l’agroalimentaire et le tourisme. La main-d’œuvre étrangère est également nécessaire compte tenu de l’écart démographique croissant en Europe, où une population vieillissante dépasse les jeunes.
L’ouverture des portes de l’Europe pour certains travailleurs nord-africains ne sera pas sans contrepartie: la Commission européenne veut obliger les pays participants à empêcher les départs irréguliers vers l’Union européenne en échange de voies légales. Ces deux points “sont très liés”, a confirmé Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, lors d’une conférence de presse.
D’après les données partagées par la Commission, ce sont pas moins de trois millions de personnes qui arrivent légalement chaque année dans l’UE, contre jusqu’à 200 000 qui traversent “irrégulièrement” dans le continent.
La Commission souhaite également modifier les règles afin qu’un migrant puisse quitter son emploi tout en conservant ses droits de séjour dans le cadre d’une refonte de la directive sur le permis unique de séjour.
La Commission envisage également la refonte du système de calcul de la durée d’attente avant l’obtention du permis de séjour de longue durée. Les modifications proposées permettraient aux migrants de cumuler la période exigée pour l’obtention de ce permis de 5 ans dans plusieurs pays de l’UE. Les migrants seraient également autorisés à quitter l’UE pendant deux ans sans perdre leur permis de séjour de longue durée.
Il n’est pas clair dans l’immédiat si les États de l’UE accepteront ces propositions. Les migrants hautement qualifiés ont déjà tendance à éviter l’UE au profit de pays comme les États-Unis.