Le Conseil d’administration de l’UIB, présidé par Kamel Neji, vient de nommer Ilhem Bouaziz directeur général adjoint en charge de la banque de détail. C’est la culmination d’une carrière qui ressemble à un sacerdoce; un engagement de 15 heures par jour qui a pesé sur sa vie privée mais qui a donné à la Tunisie l’une des poly-compétences les plus étonnantes dans le leadership, le technique, l’humain et le stratégique.
Vous connaissez les usages dans le monde antique. Les chevaliers ne sont pas nommés; ce sont les leaders naturels qui se seraient illustrés dans le feu de l’action et que les rois ne font qu’adouber. Et c’est exactement ainsi qu’Ilhem Bouaziz vient d’être adoubée DGA de l’UIB où on n’a pratiquement fait qu’officialiser le leadership de fait de cette dame qui assumait une double responsabilité jamais confiée à personne auparavant au sein de la banque: directrice opérations du Service client & du Pôle support.
C’est la culmination d’un long cheminement de plus de trois décennies où elle a été la dynamo de la Transformation Agile, de l’Innolab by UIB, des projets et de l’organisation, de la réorganisation, de l’IT (Data, transformation digitale, robotisation…), du réseau agences, de la migration du Core Banking System, de Féminin by UIB, du site de commercialisation des œuvres d’art des virtuoses by UIB… ! Elle saute de chantier en chantier, en crée de nouveaux. Aujourd’hui, plus de 15 directions sont sous sa responsabilité: un quasi-paquebot!
Priorité « client externe/client interne »
Son secret? De grosses journées de 15 heures de travail qu’elle décrit à sa manière: « Nous avons pu avec beaucoup d’humilité faire évoluer la banque pour qu’elle puisse avancer plus rapidement de manière plus agile pour qu’elle se poursuive dans le temps ».
Ce « nous » de corps se substitue chez elle au « je » d’ego quand elle évoque la persévérance et le temps consacré à la sécurisation, l’architecture et l’urbanisation du système, cette Diversity où l’UIB est pionnière. Ce « nous » tellement fusionné dans son individu propre, Ilhem Bouaziz l’adopte surtout pour parler de ce qui reste à faire. Ici, elle est sensible au regard des autres, comme cette opinion de certains experts sur le manque de com via le digital. Elle sait l’impact que cela pourrait avoir sur les équipes, elle passe sa com au crible, s’autocritique puis avance, valide. Elle n’est pourtant pas indemne, car les critiques pleuvent, mais elle tient bon pour ceux qui lui font confiance.
Et, surtout, il y a encore et toujours ce « nous » qui veut tout dire pour elle: l’avenir de la banque, l’ouverture, demain, la création de valeur, l’amélioration de l’expérience client, l’acculturation des collaborateurs… Elle a combattu l’obsolescence et fait évoluer les process métier pour améliorer l’efficacité opérationnelle, toucher le client externe et aussi interne…
Encore une balise de sa manière de penser, ce duo « client externe/client interne » qui reviendra dans ses thèses pour souligner qu’elle conçoit la banque comme un cercle de qualité à la Deming qui – ne l’oublions pas – ne pouvait trouver écho que dans le perfectionnisme dissous dans le caractère de certains. Ceux qui adoptent l’automatisation dans les tâches à faible valeur ajoutée et qui orientent leur créativité vers des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ilhem Bouaziz nous parle également de la « fin du papier » pour réduire la trace carbone sur volet RSE. Elle se rappelle d’une interview où Sirine Tlili confiait à Sahar Mechri qu’elle rêvait de signature électronique au niveau des banques. Elle l’appelle et voilà Ilhem Bouaziz et Sirine Tlili travaillant ensemble. Un esprit de veille qui est également un trait de son caractère si singulier.
Un équilibre « mix and win »
Un caractère où l’exemple de son père reste présent à tous les moments; Mustapha Bouaziz, procureur général de la République auprès du ministère de la Défense, un pénaliste pionnier, un Juste, un ministre audacieux qui favorise les plus compétents, qui lui a inculqué le don de soi et le sens de la responsabilité.
Un caractère fait d’un équilibre étonnant. Car cette dame, qui a vu au cours de sa carrière comment certains se permettent de regarder les femmes de travers, n’est pas devenue féministe! Au contraire, présidente de l’association « Féminin by UIB », elle affirme que ce réseau est né de sa conviction que la mixité est un facteur de croissance et de valeur ajoutée pour tous: « Agir pour valoriser le rôle des femmes, répondre aux questions sur les verrous qui entravent leurs candidatures, passer d’une égalité circonstancielle à une égalité pérenne. Et la direction de l’UIB est favorable à cette démarche mix and win».
Un équilibre qu’elle appelle de tous ses vœux pour la Tunisie: « Il faut arrêter de soliloquer et cravacher dur, chacun doit faire son travail comme il faut. Notre pays a besoin de nous. Ce qui nous manque, c’est le leadership; en d’autres termes, le management, ce compromis nécessaire pour que tout le monde travaille ensemble et atteigne les objectifs. Nous avons besoin de technocrates, oui, mais qui savent se rapprocher du terrain, car c’est de là que commence le travail de diagnostic qui mène à une stratégie à décliner en plans d’action et répartition des tâches avec contrôle et suivi continu ».
Des regrets? Peut-être pour manquer constamment à sa famille, son époux, son fils, ses amis, sa mère…
Des projets? Dites-moi quels sont vos projets et je vous dirai qui vous êtes, et Ilhem Bouaziz est intarissable là-dessus: plan de transformation digitale, Open Banking, sécurité système d’information, certification transactions sécurisées et efficacité environnementale. « Ma nouvelle mission: plus de clients, faire connaître les outils destinés aux clients et collaborateurs, développer de nouveaux outils et produits pour répondre au mieux aux besoins dans tous les domaines », conclut-elle.