Les Mardis de l’Atuge
Le ministre des TIC et de l’Economie numérique, Anouar Maarouf, était l’invité du dernier Mardi de l’Atuge. Cette rencontre avait pour thème : “Infrastructure numérique très haut débit”.
Avec la multiplication des usages, une importante bande passante est de plus en plus nécessaire. Il ne s’agit pas que de services de divertissement; l’e-éducation, l’e-santé ou encore l’e-gov ne sont que quelques exemples de tels services. “Toute l’économie est en train de se digitaliser, ce qui devrait générer un important flux de données”, a déclaré le ministre. D’où l’importance d’une infrastructure à très haut débit en Tunisie, a indiqué le ministre, qui ajoute : “Cela devrait booster la demande et inciter les opérateurs à multiplier les offres”.
Parmi le objectifs du plan gouvernemental Digital Tunisia 2020, il est question de généraliser l’accès à l’internet haut débit sur tout le territoir. Sur ce plan, Anouar Maarouf a indiqué que le déploiement de la 4G a atteint un taux de 70% en 2017, dépassant ainsi l’objectif fixé à 40% ! “Reste bien sûr le respect des exigences en termes de qualité de service sur lesquelles nous sommes en train de travailler avec les opérateurs”, a-t-il ajouté. En revanche, ceci ne va pas permettre de couvrir tout le territoire national; L’État a donc décidé d’investir 50 millions de dinars dans les zones blanches, qui représente 112 délégations, a précisé le ministre.
Les objectifs sur le très haut débit ne sont pas aussi ambitieux. Le gouvernement veut “développer” le très haut débit, sans objectifs chiffrés à atteindre.
D’ailleurs, le ministre a reconnu l’importance d’investir dans le très haut débit : “Plus le débit s’améliore, plus ceci permet de développer de nouveaux usages. On parle d’applications très gourmandes en bande passante telles que la télémédecine, l’éducation numérique, etc.”, a-t-il expliqué. Et d’ajouter : “Ceci nous permettra également de nous préparer à l’avenir et à l’arrivée de la 5G”.
Si le passage au très haut débit est inévitable, pourquoi passer par le haut débit et ne pas généraliser le très haut débit directement ?
Les estimations du ministère ont montré que le consommateur réserve un budget mensuel moyen de 25 dinars à sa connexion internet, ce qui ne permet pas, d’après le ministre, de développer le très haut débit. “Notre objectif est de créer une dynamique qui permet de stimuler la demande et de développer l’offre adéquate”.
Pour aboutir à cet objectif, le ministère a accordé la première licence d’opérateur d’infrastructure à un consortium composé de l’Agence Tunisienne d’Internet et de deux entreprises privées, tunisienne (Meninx Holding) et turque. “Le but est de mutualiser l’infrastructure et d’éviter que chaque opérateur s’y investisse de son côté”, a expliqué le ministre. Cet opérateur, dont la clientèle est strictement limitée aux opérateurs et aux FSI, va agir aussi bien sur l’infrastructure passive (espace de colocalisation, …) qu’active (capacité de transmission, vente de bande passante).
Mais la présence de l’ATI actionnaires de l’opérateur a suscité plusieurs questionnements, notamment sur d’éventuels conflits d’intérêts surtout que l’Agence est filiale à hauteur de 37% de Tunisie Telecom. Comment l’Agence pourrait-elle concurrencer sa maison mère ? Et comment va-t-elle pouvoir se faire accepter en tant que mandataire de ce consortium vis-à-vis des autres opérateurs ? Cet opérateur ne risque-t-il pas finalement d’être rejeté par les autres opérateurs ?
“L’ATI est en pleine transformation et a trouvé dans cette opportunité un moyen pour coupler son offre de service avec celle de l’opérateur d’infrastructure”, a déclaré le ministre. “Nous ne pouvons être contre cette volonté de transformation pour augmenter la valeur”. Et d’ajouter : “C’est aux acteurs de déterminer la nature de la relation entre eux.”